Pour leur nouvelle production, les studios Dreamworks adaptent un cartoon daté des années 50, Peabody’s Improbable History. Soit l’histoire en effet très improbable d’un canidé devenu père adoptif d’un petit garçon. Rob Minkoff, réalisateur du Roi Lion et des deux Stuart Little, est aux manettes.
Mr Peabody est un chien qui s’est admirablement arraché aux déterminismes canins. Il vit dans un appartement à New York, a remporté le prix Nobel de physique, possède tous les talents et toutes les sciences. Cela lui permit d’obtenir le droit à l’adoption d’un enfant abandonné, Sherman. Peabody est également l’heureux détenteur d’une machine à voyager dans le temps, ce qui lui permet de faire des escapades éducatives dans le passé avec son fils, à la rencontre de figures historiques telles que Leonard de Vinci ou Gandhi. Tout va pour le mieux jusqu’à ce que Sherman se fasse humilier et traiter de chien par une camarade de classe, Penny. Le récit démarre ici, quand une situation qui au fond ne pose pas de problème se heurte à l’intolérance des autres.
Le film se propose de divertir le jeune public et de l’instruire par la même occasion. Récit d’apprentissage à volonté pédagogique affichée, il multiplie les rebondissements pour catapulter les héros dans diverses époques afin d’offrir un cours d’histoire accéléré. Nous traversons donc à la vitesse de l’éclair l’Égypte ancienne, la Grèce d’Homère, Florence à la Renaissance ou encore la France de la Révolution. Tant pis, en revanche si le respect de chaque époque n’est pas au rendez-vous. Les scénaristes ont sans doute pensé qu’il valait mieux piquer la curiosité des enfants que leur faire endurer un indigeste cours d’histoire. Quitte à ce que les adultes peinent à avaler certains morceaux, comme l’épisode douloureux dépeignant les héros de l’Iliade telles des brutes épaisses, avec un clin d’œil à 300. Le film garde toutefois l’élégance de ne jamais prendre les enfants pour plus bêtes qu’ils ne le sont, se risquant user d’un vocabulaire élaboré dans les répliques de Mr Peabody.
Avec ce nouveau long-métrage, Dreamworks entretient sa propension au comique référentiel qui faisait déjà la saveur de productions telles que Shrek. Ce type d’humour est le meilleur moyen de maintenir l’intérêt du public adulte qui sans cela s’ennuierait ferme. Les clins d’œil cinéphiliques sont bien présents (Spartacus, par exemple), mais pas seulement, tant le film abonde en blagues cultivées et en mots d’esprits. L’épisode de la révélation du mystère du sourire de Mona-Lisa est particulièrement savoureux. L’abondance de gags d’un registre bien plus potache est aussi au rendez-vous pour équilibrer le tout.
En faisant revivre aux héros des épisodes historiques « en direct » et en les confrontant à l’adversité, le film montre que le savoir acquis à l’épreuve de la vie vaut autant que celui appris dans les livres. Au terme de l’histoire, chacun des personnages se sera confronté à la différence, aura gagné en tolérance et saura s’accepter lui-même tel qu’il est. Non pas que cela soit d’une foudroyante originalité. Mais à défaut d’offrir un récit fort au point de rendre dérisoire la catégorie « film pour enfants » comme savent le faire les studios Pixar à leur meilleur, Mr Peabody et Sherman peut être montré aux plus jeunes sans crainte qu’ils n’en ressortent plus bêtes. Et peut-être même avec l’espoir qu’ils réclament une visite au musée ou un livre d’histoire. A l’heure d’Alvin et les Chimpunks et des Bratz, c’est déjà bien.
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