Si les ondes d’un vaisseau spatial captait The Signal, un seul mot se paramétrerait sur leurs écrans 9000 pouces ou tentacules mécaniques : grotesque. La beauté des films réside dans le fait qu’ils nous bouleversent, de façon positive ou négative, ils ont ce pouvoir fabuleux de s’ancrer dans nos chairs, d’enthousiasmer nos sens. Ils nous touchent, nous exaltent, nous marquent, viscéralement. Et on aime être bousculé ou bercé par les images, être transporté. N’est-il pas essentiel de voyager lorsqu’on se laisse dévorer par un long métrage de science-fiction ? Hélas, dans The Signal, les ondes sont désespérément creuses et démunies d’une quelconque ferveur.
Le synopsis est certes banal, mais pouvait s’avérer prometteur. Nick et Jonas, deux jeunes surdoués, étudiants à la Massachusetts Institute of Technology, experts en piratage informatique – Anonymous en devenir – traversent le Sud-Ouest des Etats-Unis en compagnie de Hailey, la petite amie de Nick. Lors de ce road trip manquant déjà cruellement de saveur, ils décident de traquer un certain « Nomad », hacker hors pair qui a détourné le système de sécurité de leur école. Ce qui les mène à un lieu étrange, isolé, sordide. La caméra s’emballe, un corps s’envole, puis c’est le trou noir. Et lorsque Nick se réveille, il est face à un homme en combinaison (le fameux Laurence Fishburne) qui le retient captif. De nombreuses questions en découlent : Où sont-ils ? Que veulent-ils ? Que renferme cette base scientifique ?
Et si tous les ingrédients sont réunis pour confectionner un film de science-fiction, la mayonnaise ne prend pas. Il ne suffit pas de les mettre dans un plat et d’attendre que ça gonfle. Peut-être y a-t-il un ordre à respecter ? Une façon de les disposer ? De les mélanger ? L’ennui nous gagne, l’intrigue stagne. Et la mise en scène parvient difficilement à susciter un intérêt pour le récit et ses enjeux. S’ensuivent des ralentis abusifs, comme ceux des powers rangers, vides de sens, vides de tout. Et le véritable noyau du problème réside là : nous ne ressentons rien. Aucune compassion pour ces personnages trop caricaturaux et réduits fatalement à une ou deux expressions, aucune angoisse dûe à l’invasion des extraterrestres ou à la maltraitance de leurs sujets, aucune euphorie devant les scènes d’actions, aucun étourdissement devant ces images. Mais on reste, curieux du dénouement, cherchant encore un sens à ces longues minutes d’attente. Mais le twist nous laisse également sans réaction – c’est un comble pour un twist. Il ne reste alors dans l’air, qu’une désagréable impression d’avoir perdu son temps. Et l’on sort de la salle de cinéma sans réelle satisfaction ni jouissance. Déception amère d’être resté sur la piste d’atterrissage durant quatre-vingt-dix minutes. On espère que William Eubank parviendra à nous faire décoller une prochaine fois.
The signal, en dvd et blu ray chez Wild Side Vidéo
Note: