Le principal paradoxe des films catastrophes réside dans cette envie incessante de lier l’intime et le sensationnel. L’enjeu fondamental étant de trouver l’équilibre entre spectaculaire et qualité scénaristique. Et si le modèle Titanic ravive instinctivement nos mémoires, dans The Finest Hours, le frémissement des vagues nous laissera un goût amer.
Le nouveau long-métrage des productions Disney, inspiré de faits réels, nous plonge en Février 1952, au cœur du sauvetage maritime le plus incroyable du siècle. Il relate l’héroïsme et la prouesse des gardes côtes du Massachusetts qui ont décidé de braver l’une des plus féroce tempête afin de porter secours à l’équipage du bateau pétrolier SS Pendleton que la force stupéfiante des vagues a littéralement fendu en deux. L’équipage du navire qui dérive, tente avec acharnement de survivre et c’est guidé par le premier assistant mécanicien Ray Sybert, qu’il parviendra dans un exquis élan de solidarité à maintenir le bateau à flots. Les gardes côtes, de leur côté, se retrouvent malmenés sur une embarcation bien trop fragile pour faire face à la fureur de cette mer qui se déchaîne. Brutalisés par des vagues d’une vingtaine de mètres, étrillés par des bourrasques de vents frénétiques, jamais pourtant, ils ne feront demi-tour et c’est avec une détermination sans faille qu’ils parviendront au bout de leur mission. Mission teintée de philanthropie ayant permis de sauver la vie de 33 personnes.
Doté d’un budget de 85 millions de dollars, Craig Gillepsie réalise le premier blockbuster de sa carrière. Et si tous les éléments semblent réunis pour nous exalter, il est intéressant de se demander la cause de l’échec de The Finest Hours au box-office américain. Si les séquences au creux de l’océan sont prodigieuses grâce à des effets spéciaux maîtrisés et très immersifs, on regrette néanmoins, l’absence abyssal de scénario ou de réels personnages. Chacun des protagonistes n’est en effet qu’une enveloppe vide dénuée de charisme et de profondeur. Ils sont là uniquement pour refléter la bravoure et leur absence de tangibilité propre font d’eux des êtres complètement désincarnés ce qui nous empêche fatalement de nous y attacher. Il en va de même pour l’histoire, qui manque cruellement de singularité et qui reste à la surface de l’eau sans jamais véritablement s’affirmer ou se matérialiser. Le film glisse ainsi sur ses acquis spectaculaires mais sombre dans son incapacité à construire une trame narrative accomplie.
The Finest Hours pourrait aisément se comparer à une attraction de Disneyland, très réussie au niveau visuel, mais qui ne suscitera pas toute l’émotion qu’un film doit provoquer. Il se montre palpitant à l’instant présent, mais ne laisse hélas aucune trace, telles des initiales dans le sable que la mer emporte un peu plus à chaque vague, comme un vestige qui s’efface.
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