Chez Madeleine, tout est de très bonne facture.
La voix tout d’abord. Puissant, racé et énergique, l’organe de Mademoiselle Besson sait à l’évidence servir le Blues et le Rock. C’est sans doute pour cela qu’elle ne chante qu’en anglais, cette langue de la musique noire américaine porteuse d’égalité et de combat qui se chante avant tout avec les tripes. On peut facilement entendre dans l’écho de ses mots, les voix fondatrices d’Arétha Franklin ou de Nina Simone.
Entre les chansons, une certaine ambivalence émerge entre la puissance charismatique de sa voix chantée et une certaine réserve de cette même voix parlée. On se dit alors que le pouvoir de métamorphose du chant sur les artistes est vraiment étonnant !
La musique ensuite. Pour ce concert au Bijou, la chanteuse a choisi une formule très épurée puisque seule la guitare de Thomas Naïm l’accompagne. Les propositions du musicien s’articulent autour de riffs précis et délicats aux accents nasillards du Texas ou du Mississipi. On sent que les fondamentaux de l’instrument version deep-south sont largement maîtrisés. Manifestement le jeune guitariste sait faire parler les cordes sans les martyriser, le touché est juste et sans esbroufe.
La douceur des notes soutient la puissance du chant. Encore un autre contraste séduisant.
Chez Madeleine, tout est donc de très bonne facture.
Pourquoi donc cette sensation peu amène venant perturber nos applaudissements un tantinet trop polis à mon goût ?
Peut-être ce sentiment du déjà-vu (pour les plus chanceux, voire les plus anciens d’entre nous) et sûrement cette impression du déjà entendu. Chez Madeleine, l’éducation musicale influe de trop, les leçons sont trop bien apprises et les chemins de l’école buissonnière n’ont visiblement pas été empruntés.
Sa musique est à l’image de la coupe de cheveux laquée et brushée de son guitariste : parfaite, propre et sans mèche rebelle. Quand on puise son inspiration dans les chants de révolte, c’est tout de même embêtant de ne prendre aucun risque…
Note: