Retour à Monplaisir, mégalopole du futur dédiée au loisir et au jeu, capable d’accueillir chaque jour 18 millions de vacanciers venus passer leurs deux semaines de congés annuels dans cet immense parc d’attraction. Crée par Springy Fool, personnage effrayant à tête de lapin, qui anime continuellement un network de paris en ligne, Monplaisir est une sorte de Disneyland cauchemardesque où l’on peut miser sur tout, y compris sur les succès de la police locale à attraper les criminels en fuite. Parmi ceux-là, Antiochus Ebrahimi, qui a abattu un agent enquêtant sur une série de meurtres de femmes dont on a prélevé les organes. Retransmis sur tous les écrans de la cité, la course poursuite entre Ebrahimi et Isham – l’Urban Interceptor lancé à ses trousses – tourne à l’avantage du premier au terme d’une traque sanglante. C’est au tour de Zachary Buzz d’être mis sur l’affaire. Jeune bleu un peu naïf et fraîchement débarqué à Monplaisir, il va devoir faire ses preuves et démontrer qu’il est capable d’intégrer cette brigade d’élite qui veille à la sécurité des résidents de la cité.
Le premier volume d’Urban plantait ce décor a priori idyllique mais qui sous des dehors festifs, présentait toutes les caractéristiques d’une ville ultra sécurisée sous le contrôle d’ALICE, intelligence artificielle qui gère caméras de surveillance, robots nettoyeurs et écrans de contrôle. Interdiction de dormir dans la rue et même les quelques arrières-cours où il est possible de s’allonger font l’objet d’une démolécularisation régulière des déchets. Mieux vaut ne pas piquer un roupillon à ce moment là sous peine d’être réduit en cendres ! Le menu fretin de la délinquance, celui qui met la main au sac des passants, est quant à lui soigné par une décharge électrique de 1800 volts. Il ne faut pas effrayer le vacancier, qui doit s ‘amuser, parier et faire circuler l’argent. Le dessin de Roberto Ricci, très dynamique et rempli de détails d’une finesse inouïe permettait au lecteur de s’immerger totalement dans cet univers sombre et paradoxal tandis que le scénario de Luc Brunschwig ouvrait quelques pistes narratives tout en laissant suffisamment d’éléments clés dans le flou pour susciter l’intérêt.
On s’attendait, avec ce deuxième tome intitulé Ceux qui vont mourir, à ce que les lignes deviennent plus claires et à ce que les auteurs lèvent une part du mystère. Or, si Luc Brunschwig répond à certaines questions, il en soulève d’autres qui maintiennent le lecteur dans une zone d’ombre renforcée par un final qui interdit toute spéculation sur la suite mais permet toutes les possibilités. Qui est ce garçon nommé Niels ? Quelle est la nature de ces flashbacks où intervient Overtime ? Quel est son rôle dans le récit ? L’histoire introduit de nouveaux personnages, alterne les temporalités et les niveaux de réalité et si l’on en reste au stade des spéculations, l’univers dépeint ici contient suffisamment de questionnements et de thématiques fortes pour passionner. Autoritarisme, société du spectacle, déshumanisation, négation des sentiments, tout ceci est le lot commun des œuvres classiques d’anticipation. Mais quand c’est traité aussi intelligemment et dans un environnement aussi foisonnant et imaginatif que dans Urban, on en redemande et on attend la suite avec impatience !
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