Avec Message from the king, Fabrice du Welz fait une revisite timide de la série B d’exploitation mais avec un sens certain de l’efficacité.
En provenance de Cape Town, Jacob King (Chadwick Boseman) débarque à Los Angeles, ville où il n’a jamais mis les pieds.
Avec 600 dollars en poche et un billet retour, il a sept jours pour retrouver sa sœur disparue.
Au bout de 24 heures, il découvre qu’elle est morte dans des circonstances terrifiantes. Torturée, mutilée, défigurée, violée, elle gît dans le plastique froid d’une morgue de la cité des anges.
Il décide de la venger envers et contre tous.
Cela ne vous rappelle rien ?
Le script minimaliste reprend à la lettre les codes des cultissimes Get Carter (Mike Hodges), Hardcore (Paul Schrader) et Shaft (Gordon Parks).
Trois films bien différents qui offraient pourtant chacun leur vision du Revenge Movie en milieu familial et faisaient le pont entre Newcastle, New York et la Blacksploitation.
Fabrice du Welz nous avait habitué avec Calvaire et Alleluia à manier le genre avec radicalité et viscéralité en n’esquivant jamais une violence frontale, paroxystique lorgnant vers le gore.
Le cinéaste affichait comme motifs principaux dans ses œuvres précédentes l’absoluité des sentiments, le dérèglement et la monstruosité de l’Homme, avec une identité bien à lui.
On retrouve ici les mêmes motifs identitaires du cinéaste mais dans un film à la facture beaucoup plus classique, presque timide.
En bon élève, Fabrice du Welz fait de ses références des hommages sans véritablement arriver à les transcender. Il filme Los Angeles presque comme le New York de Schrader et retrouve le grain poisseux et la vérité de lieux sordides presque comme dans le Newcastle de Hodges.
Finalement, cette histoire de vengeance est assez convenue jusqu’à son twist final qui lui donne une ampleur inattendue.
Néanmoins, le film se révèle efficace.
Chadwick Boseman, future Black Panther du Marvel de Ryan Coogler, tire le film vers le haut. Il est de tous les plans et affiche le magnétisme d’un lonesome cowboy en milieu urbain.
Dans ses excès de violence à la chaîne de vélo comme dans ses moments de repli, il garde la juste intensité et donne de la profondeur aux motifs du cinéaste.
Personnage entier, irréductible, il construit sa vengeance méthodiquement en prenant des coups sans vacillement ni retour en arrière.
Au-delà du personnage principal, le casting est à l’unisson. D’Alfred Molina en pervers pédophile carnavalesque à Teresa Palmer en mère de famille donneuse de pipes pour arrondir ses fins de mois, en passant par Luke Evans en Docteur Mabuse, tout ce petit monde donne à la narration des périphéries inattendues qui densifie la mise en scène.
Dommage, donc, que Fabrice du Welz n’ait pas pu maintenir le cap stylistique de ses précédents films, marqueur de son identité d’auteur dans les marges.
Il en reste un film vite vu et vite oublié mais qui ne lâche rien de sa modeste ambition : être une série B un peu old school tendue et nerveuse avec sa juste dose de perversité.
Note:
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