C.A. Quintet – Trip through Hell (1969)
Les acharnés de la pépite rare, ceux qui passent des jours entiers à prospecter les blogs de téléchargement connaissent ce genre de découverte. On tombe tout-à-coup sur un album vanté par le bloggeur en question comme étant un « classique oublié ». On se procure la chose et à ce moment là tout est possible. Beaucoup de ces trésors ne sont souvent que des ersatz pénibles de Emerson Lake and Palmer, mal enregistrés et sans intérêt. L’exercice peut être harassant à la longue.
Et parfois, rarement, le miracle se produit. Trip through Hell est l’un de ces miracles. Lors d’une première écoute, la chose la plus remarquable, celle qui frappe d’emblée, c’est l’empilement ininterrompu de merveilles. CA quintet est un groupe issu des années 60, véritable obscurité, qui n’a fait qu’un album n’ayant été distribué que dans la proche région de Minneapolis. On vend souvent comme raretés des albums tout simplement oubliés par le temps, voilà un album qui n’existe qu’en 500 exemplaires. Trésor du collectionneur, l’arrivée d’Internet lui permet enfin d’être disponible à tous.
À dire vrai, il s’agit d’un coffret. Il contient le court album Trip Through Hell, mais aussi l’ensemble des singles et démo du groupe. Ce qui est surprenant, c’est qu’il s’écoute comme une œuvre unique, tant la moindre démo est déjà d’un niveau ahurissant. Ce groupe semble parfois irréel. Il réussit tout ce qu’il entreprend. Autant à l’aise dans les déluges de guitares cinglantes que dans les légèretés pop ou les ballades Folk. Il parvient à mêler Jazz, Country et Pop en un morceau de deux minutes. Chaque instrument se surpasse constamment, tous les morceaux sont courts et pullulent à tel point d’idées que chacun semble contenir un album entier.
Il est absolument indispensable d’écouter cet album d’une traite. Et si le cœur vous en dit, rejoignez la communauté des chercheurs en raretés musicales.
Kaleidoscope – Tangerine Dream (1967)
Toujours dans les raretés, Kaleidoscope est l’équivalent anglais du CA Quintet. Même si sa découverte a fait plus de bruit autour d’elle. Ce que ce groupe a de particulier, c’est un talent de compositeurs. Chaque chanson est arquée autour d’une mélodie imparable, que le groupe s’acharne à défigurer à coup d’effets psychédéliques tellement typiques de l’époque qu’on se prend à sourire. Pianos spectraux, lugubres chœurs féminins, sitars.
Tout ici est rigoureusement anglais. Si l’on devait comparer cet album à un autre, le premier Pink Floyd, celui de Syd Barrett est l’exemple le plus évident. Il flotte des ambiances de Lewis Caroll et d’Oscar Wilde sur ces comptines peuplées de rois médiévaux, d’horlogers et de meurtriers en chapeau melon. La mort rôde parfois au détour d’un refrain, un avion s’écrase dans la mer durant près de quatre minutes dans Flight To Ashiya. Ailleurs, un homme se perd dans les méandres de la chambre des reflets.
Véritable aboutissement du psychédélisme anglais, cet album encore méconnu est une rareté à se procurer à tout prix.
Note: