Présenté en ouverture du 42ème Festival du cinéma américain de Deauville, The Infiltrator, de Brad Furman, creuse le sillon des biopics indigents, prétentieux et formatés.
Brad Furman , artisan de studio efficace, nous a habitué au pire (Players) et au convenable (La défense Lincoln).
Il tente ici, comme d’autres cinéastes du même pédigrée avant lui (Doug Liman ou John Hillcoat par exemple), de rejoindre le clan très fermé des auteurs américains fréquentables, sélectionnables dans les grands festivals et oscarisables.
Quel meilleur sujet qu’un film d’infiltration dans les cartels de la drogue « based on a true story » ?
Sauf qu’au delà de la thématique redevenue très tendance, biopic et infiltration ne font pas bon ménage.
L’agent fédéral Bob Mazur (Bryan Cranston) a pour mission d’infiltrer le cartel de la drogue de Pablo Escobar, qui corrompt l’Amérique des années 80, en se faisant passer pour Bob Musella, un habile homme d’affaires spécialisé dans le blanchiment d’argent.
Pour constituer sa petite équipe, il s’entoure d’une fiancée de fortune (Diane Kruger en potiche modèle) et d’un fin connaisseur des réseaux d’infiltration (John Leguizamo, le latino de service toujours un peu nerveux).
La cinéphilie est peuplée de chefs d’œuvres sur cette thématique : de Scorsese à Soderbergh en passant par De Palma, Assayas ou les récents Narcos et Sicario.
Autant dire que le genre ne se traite pas à la légère et qu’à moins de trouver une voie originale pour le réinitialiser, il n’y a point de salut, si ce n’est, dans le meilleur des cas, celui du déjà-vu.
Furman fait le choix du biopic. On saura tout de cet homme infiltré de manière linéaire et convenue sans aucune idée de mise en scène et encore moins de tension nerveuse et dramatique.
Bref, on s’ennuie ferme et on s’agace devant tant de mollesse.
Cela devient même crispant lorsque que le cinéaste ose quelques références.
Le film s’ouvre sur un micro plan séquence où l’on suit de dos l’agent infiltré dans une salle de bowling désertée. Là où l’inoubliable ouverture des Affranchis dans un restaurant donne le vertige par son foisonnement et sa nervosité, ici on navigue dans le coton.
Le cinéaste a bien révisé son petit Soderbergh illustré en appliquant des filtres de couleur tout au long du film comme dans Traffic. Mais là où Soderbergh jouait sur la sur-exposition ou la sous-exposition des situations selon l’action dans un élan génial de cinéma, Furman le conçoit comme un éléments de décor et de reconstitution so eighties.
À aucun moment, le film ne cerne les enjeux dramatiques de l’histoire et la mise en scène ne se pose en catalyseur d’une violence et d’une nervosité sourde.
Le film enfile les ratages et les acteurs sont à l’unisson. Bryan Cranston semble totalement absent, John Leguizamo cabotine à souhait et Diane Kruger fait les utilités sans conviction.
En somme, pour bien démarrer la rentrée cinéma, il suffira de passer son chemin.
Note: