Seul sur Mars était sans doute l’un des films les plus attendus de l’année. En salle depuis le 3 octobre aux Etats –Unis, il a raflé la mise avec 55 millions de dollars de recettes engrangées dès le premier week-end.
Voir au générique du même film Ridley Scott et Matt Damon laissait présager une rencontre pleine de promesses entre l’auteur d’Alien, de Blade Runner, de Prométheus et l’acteur fétiche de Gus Van Sant.
On se mettait à rêver d’un Gerry perdu pour de bon en territoire hostile luttant contre ses propres démons à l’image de Ripley, l’héroïne mythique de la saga Alien.
Il n’en est rien.
Ici, on ne retrouve pas les ambiances poisseuses chères au cinéaste ni les motifs de son œuvre : la dualité entre le bien et le mal, l’épreuve du corps, l’assèchement de l’esprit vers une croyance méta-religieuse, l’espoir sacrifié.
Le film se révèle être un honnête divertissement, ni plus ni moins et une adaptation fidèle du roman d’Andy Weir, The Martian.
On retrouve donc Mark Watney (Matt Damon), astronaute expert en botanique, en mission sur Mars, planète sur laquelle aucun homme n’a encore mis les pieds. Au cours d’une exploration, il est laissé pour mort par son équipage suite à une violente tempête de sable. Watney va s’évertuer à reprendre contact avec la terre et surtout subvenir à ses besoins physiologiques les plus primaires : respirer, boire, manger, dormir.
Après une ouverture très spectaculaire où Ridley Scott laisse voir à quel point il est sans doute l’un des plus grands plasticiens du cinéma contemporain, le ton du film prend une tournure étonnante.
Une suite de scénettes où l’astronaute va mettre à profit toute son expérience de scientifique pour recréer les conditions de la vie humaine : production d’eau, cultures agricoles, pompe à oxygène et… télécommunication. Avec un humour potache et la musique d’ABBA en toile de fond, le second degré l’emporte toujours sur la tension ce qui rend le film assez déséquilibré dans son approche et assez laborieux. On ne sait jamais vraiment ce que veut réellement raconter le cinéaste. La surabondance d’effets de style rend parfois le film irritant, notamment ces scènes face caméra où Watney enregistre son journal quotidien.
C’est donc un petit guide de survie qui se déploie sous nos yeux avec un souci de réalisme non démenti par les experts de la Nasa.
Le contact repris avec la terre, les bons sentiments chers aux blockbusters américains reprennent le dessus au travers du personnage de Jessica Chastain, chef d’équipage en proie à la culpabilité, ou celui de Jeff Daniels, directeur taciturne de la NASA.
Les mauvaises langues compareront le film à un épisode de Survivor (Koh Lanta en France), les plus bienveillants y verront une relecture polie des aventures de Robinson Crusoé.
Ridley Scott livre ici sans aucun doute un film de commande sans réelle substance. Mais l’on croit le cinéaste trop intelligent pour ne pas y lire une relecture de sa position d’artiste à Hollywood.
A la manière d’un Shyamalan jusqu’à La jeune fille et l’eau, Scott reste une figure fascinante de l’industrie. Il réussit à monter des films sur son nom tout en distillant un regard sur sa position de cinéaste au sein des studios.
Ce manuel de survie est un peu le sien. Toujours deux ou trois coups d’avance pour continuer à tracer le sillon d’une œuvre chaotique qui alterne le très bon et le médiocre.
Note:
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