Chez les Yéniches, communauté de gens du voyage, le respect des aînés et la ferveur religieuse côtoient indifféremment le vandalisme. Fred Dorkel est l’un d’entre eux : craint et estimé par les siens, il vit du vol de voitures. Une nuit, sa vie bascule : un ange lui apparaît. Pour Fred, c’est le signe d’une seconde chance qu’il doit saisir. Il décide de se ranger, mais ce choix va l’opposer à sa famille…
Les intentions de Jean-Charles Hue, réalisateur du film, sont sans doute bonnes et pleines de réflexions sur le sort de ces communautés, mais les bonnes intentions ne font pas automatiquement de bons films. La BM du seigneur qui, par le biais de la fiction tente de nous faire entrer dans cette contradiction entre religiosité et criminalité que vivent ces Yéniches, n’arrive pas à convaincre.
Comédien, c’est un métier. Et un film, c’est un spectacle rodé… Ni l’un ni l’autre ne me semblent correspondre à ces principes. Prenons l’exemple des tentatives de merveilleux (la fameuse rencontre avec « l’ange ») : autant dire que ça relève du « On y croit pas, mais puisqu’on vous dit que c’est ça, alors faites un effort d’imagination… « . Désolé, on n’y croit pas ! Pas davantage qu’on n’imagine quelqu’un d’assez bête pour croire qu’un ange lui soit apparu sous la forme d’un chien blanc. Défaut de mysticisme ? Toujours est-il que cette scène est importante dans le film, puisque c’est celle qui fait tout basculer pour le personnage principal… Nous y voilà : ne pas y croire, ni croire en cette naïveté (bêtise?) de Fred Dorkel fait que, pour la suite, on part sur la mauvaise piste. Toute la « crédibilité » de l’histoire s’en trouve réduite à la pseudo représentation de vrais gens, dans un vrai camp, avec de vraie caravanes…
Il en va de même pour le jeux des acteurs qui n’en sont pas, n’apportant aucun crédit ni à ce qui leur arrive, ni à ce qu’ils racontent. Sans oublier ces dialogues qu’on peine à comprendre parfois. Autant sous-titrer, comme les films québécois ! Bref, pourquoi le réalisateur n’a-t-il pas fait un documentaire sur des gens qui, alors, auraient été authentiques plutôt qu’une fiction bancale à l’arraché ? Parce que, sans doute, ce dont parle ce film est « infilmable » autrement. Une tentative ratée.
Passé une certaine curiosité et un intérêt ethnologique pour cette communauté, le film sombre rapidement dans l’ennui. Mais sans doute faut-il être de très bonne composition et pas trop attaché aux formes classiques du cinéma ?
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