Pour ceux qui découvrent le série des «Sept», nous rappelons les principales contraintes proposées par son initiateur David Chauvel à ses confrères scénaristes : mettre en BD une histoire dont les principaux protagonistes se comptent par sept. Le tout doit être servi par une histoire en un seul tome. Certains d’entre vous y verront un vibrant hommage aux sept mercenaires ou encore aux sept samouraïs et vous n’aurez certainement pas tort ! Ainsi naquit Sept psychopathes en 2007, et Sept clones est aujourd’hui le 3e volume de la 2e saison (je vous laisse deviner le nombre de BD par saison…).
Les présentations étant faites, nous pouvons maintenant aborder le pitch du dernier opus qui trône fièrement en première de couverture : «Sept «hommes» doivent tuer le président de l’humanité». Rien que ça ! Et le tout raconté en seulement 62 planches. Garanti à 100 % sans suite à rallonge, de mieux en mieux. Nous demandons vraiment à voir, car de deux choses l’une : soit c’est un truc d’éditeur pour appâter l’amateur de BD SF naïf, soit le binôme Louis & Stéphane de Caneva a vraiment beaucoup de talent ! Il nous fallait en avoir le cœur net.
Lors des premières pages, nous commençons donc par découvrir goulûment nos sept clones, en essayant – tant bien que mal – de ne pas nous mélanger les pinceaux. Nous nous perdons joyeusement dans une galerie de personnages aussi identiques que différents. C’était d’ailleurs le coup de force annoncé du dessinateur Stéphane de Caneva : différencier les traits de ces sept individus génétiquement identiques.
Heureusement pour le lecteur, le visage et l’allure d’une personne ne se mesurent pas seulement à l’aune de son génome. C’est évidemment sans compter les parcours de vie qui marquent et qui sculptent l’âme et la chair des hommes. Ainsi le clone prêtre montre d’honnêtes traits lisses et réguliers alors que le clone violeur exhibe une tête de méchant psychopathe (si le lecteur – un tantinet benêt – n’avait pas compris qu’il était super méchant, le dessinateur a cru bon de le faire borgne !).
Vous l’avez sans doute compris : l’exercice complexe de la nuance dessinée se transforme très rapidement en une foire de clichés illustrés…
Tout cela est malencontreusement servi par un futur imaginé, là aussi, sans surprise. On retrouve une société fondée sur une technologie omniprésente assujettissant l’homme aux lois de l’ultra consommation à la gloire de quelques puissantes multinationales. Nous pensons alors à Philip K. Dick et à sa nouvelle Minority Report… Mais en beaucoup moins bien, hélas !
Le courageux lecteur qui décidera malgré tout de poursuivre ira malheureusement de déception en déception. Il se cassera donc naturellement le nez sur un dénouement facile et bâclé. Nous touchons ici à la principale difficulté d’une histoire en un seul volume : la crédibilité de son scénario.
Dommage, vraiment dommage, car les questionnements abordés sur le destin et la propension de l’homme à dépasser ses instincts, son éducation ou encore sa condition génétique auraient certainement mérité un bien meilleur viatique.
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