«J’ai voulu innover pour choisir les chansons de cette tournée. J’ai mis mes 200 compositions sur la table et j’ai écarté toutes celles qui parlaient de drogue, de sexe ou de Dieu [hurlements désespérés du public]. Je me suis retrouvé avec un concert d’environ 12 minutes. J’ai donc fait comme d’habitude…»
Voilà comment HFT introduisit fièrement, devant le public ravi du zénith toulousain, un Soleil cherche futur nerveux, extrait de l’album éponyme sorti il y a maintenant 29 ans.
«Merci pour votre fidélité», confie-t-il aussi à son auditoire composé – pour une partie non négligeable – de fans de la première heure et très facilement reconnaissable parmi une jeunesse en quête d’émotions initiatiques.
Merci avant tout à toi, l’ami Hubert-Félix, pour cet autre Rock français des années 80 qui n’a pas eu besoin de se pavaner chez Drucker et consorts pour se faire connaître. Ta poésie corrosive associée à des arrangements sans concession ont élevé ton œuvre au rang d’institution musicale hexagonale. Au même titre que Renaud ou bien Téléphone, avec les mass medias en moins : soulignons l’exploit.
Et puis il y a eu les années 1990 et 2000. La belle poésie de Thiéfaine, influencée notamment par Beaudelaire ou Lautréamont, nous parle toujours et encore de la part sombre de l’homme. Mais elle n’est plus portée par son arrangeur inspiré et guitariste surdoué, Claude Mairet. Les propositions musicales s’appauvrissent, le son s’aseptise et Thiéfaine devient de plus en plus populaire… La triste équation d’un certain succès est en marche. Dommage, vraiment dommage. Mais comment en vouloir à ce grand Monsieur dont le seul péché est de vouloir rester en vie artistiquement ?
Alors n’épiloguons pas sur les chansons récentes et notamment sur celles du dernier album Suppléments de mensonge sorti cette année. Parlons à peine de la banale Ruelle des morts ou encore de la très longue et monotone Lobotomie Sporting Club portées ce soir-là par un «orchestre rock» (guitariste, basse, clavier-guitare et batteur) musicalement irréprochable, mais tout simplement sans âme.
Évoquons plutôt le superbe Chant du fou , la belle Lorelei Sebasto Cha ou encore les leçons de Mathématiques souterraines que le professeur Thiéfaine a données avec l’aide de son fils Lucas à la guitare, devant un public heureux comme un môme découvrant son premier cadeau de Noël.
Sur les 23 chansons interprétées ce soir (autre preuve de sa générosité : le concert a quasiment duré 2 heures), on pouvait ainsi compter 12 chansons de la «belle époque». Au volume des acclamations qui ponctuaient les titres emblématiques, même le néophyte distinguait les grands classiques du répertoire.
Malgré un flacon terne et usagé, ce cru musical nous aura tout de même largement enivré. Une véritable ivresse, avec son lot de joie emprunte de nostalgie.
Crédit photos : Jean-Luc Le Guennan (tous droits réservés)
Note:
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