Comment succéder à La guerre est déclarée ? Quelle proposition de cinéma après un film qui a obtenu un tel succès, à la fois public et critique, qui a placé Valérie Donzelli et Jérémie Elkaïm dans l’œil du cyclone – l’histoire du film étant inspirée de leur propre expérience – ? Quelle suite à donner quand on s’est mis à ce point à nu, exposant au public ses joies, ses souffrances, ses doutes, ses espoirs, son intimité ? Le duo (couple ?) a trouvé la réponse en enchaînant, très vite. Ils ont profité du véritable souffle d’énergie qui a accompagné la sortie de La guerre est déclarée, sans se poser de questions, sans intellectualiser, pour écrire et réaliser un nouveau film, très vite, comme une urgence, pour passer à autre chose.
Main dans la main a les défauts et les qualités d’un tel projet. Bonne nouvelle : c’est bel et bien un film de Valérie Donzelli, on y retrouve sa patte de réalisatrice si particulière depuis La reine de pommes. L’énergie absolument inouïe qui y est déployée, l’alternance entre le drame et la comédie, la voix off empruntée, la musique omniprésente et souvent euphorisante, la science des seconds rôles : tout y est. L’enthousiasme des comédiens, la forme de la fable qui permet de justifier la synchronie des deux personnages principaux unis par un sortilège et la légèreté de la mise en scène emportent tout, de façon irrésistible.
On serait tenté d’enfermer le film dans une allégorie réductrice de la fusion amoureuse. Mais Main dans la main est bien plus que cela : c’est un film sur les liens – souvent invisible – qui unissent les êtres, sur la synchronie, la danse mais aussi sur le deuil, chacun devra laisser derrière lui un proche – une sœur, une amie – pour passer à une autre étape de sa vie. C’est aussi un film rempli de mouvements, très chorégraphié, musical et gourmand, dont on ressort le cœur léger. Les films de Valérie Donzelli ont ce charme désuet qui les rend spontanément sympathiques et fait qu’ils vieilliront certainement bien, à l’abri du temps et des modes.
Alors bien sûr, cet aspect bricolé, ces constructions fragiles entre le rire et les larmes ont des mécanismes qui fonctionnent plus ou moins bien. Valérie Donzelli pêche aussi parfois par excès. Dans le tableau qu’elle dresse des rapports amoureux d’aujourd’hui, la vision d’un trouple, observé à distance, trahit un souci d’exhaustivité hors sujet. SI elle déjoue aussi les pièges du buddy movie classique, où deux personnages que tout oppose apprennent à se connaître et s’apprécier, elle n’évite pas la caricature de l’opposition Paris/Province. Elle se donne aussi le plus mauvais rôle, un peu hystéro et ridicule de la sœur qui en fait trop. On a aussi la fâcheuse impression qu’elle ne sait pas comment conclure son récit, mais quelle importance. Si de petites choses peuvent ponctuellement agacer ici ou là, on a tout de même bien du mal à résister à la petite musique de Valérie Donzelli.
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