Morgan BIZET
1- Elle de Paul Verhoeven
2- Toni Erdmann de Maren Ade
3- The Neon Demon de Nicolas Winding Refn
4- Dernier Train pour Busan de Yeong Sang-ho
5- Aquarius de Kleber Filho Mendonça
6- Ma Loute de Bruno Dumont
7- Carol de Todd Haynes
8- The Assassin de Hou Hsia Hsien
9- Un Jour avec, un jour sans de Hong Sang-soo
10- Hana et Alice mènent l’enquête de Shunji Iwai
Mention spéciale à Isabelle Huppert, plus grande actrice au monde.
SOLENNE BOENNO
1 – Toni Erdmann de Maren Ade
2 – Elle de Paul Verhoeven
3 – Dernier train pour Busan de Yeon Sang-ho
4 – Carol de Todd Haynes
5 – Midnight Special de Jeff Nichols
6 – Aquarius de Kleber Filho Mendonça
7 – Ma Loute de Bruno Dumont
8 – La Loi de la jungle de Antonin Peretjako
9 – Paterson de Jim Jarmush
10 – Vaiana de Ron Clements et Jon Musker
OLIVIER BOREL
1 Elle de Paul Verhoeven
2 Rester Vertical d’Alain Guiraudie
3 Into the Inferno de Werner Herzog
4 Brooklyn Village d’Ira Sachs
5 Sully de Clint Eastwood
TONY COELHO
Beaucoup de choses à voir cette année encore mais la quantité est une notion tout à fait différente de la qualité. D’un côté, nous n’avons plus le temps de rien, au rythme où sortent les films, il faudrait presque être au cinéma chaque jour. De l’autre, il faut avouer les produits que l’on nous sert ne sont pas toujours de première fraîcheur. Le top a donc été assez simple à faire, même si malheureusement, on loupe régulièrement des petites perles qui passent à la trappe bien vite face aux blockbusters toujours grandiloquents.
Cette année, c’est Paterson qui va en faire les frais. Le dernier de Jim Jarmusch un réalisateur qu’on apprécie énormément, mais qui ne sera pas présent dans le classement faute de temps. Pourtant, tout laisse à croire qu’il y aurait fait bonne figure.
Nous ne sommes jamais à l’abri de désillusions, comme nous avons pu le constater pour d’autres films. Le cas de Moi, Daniel Blake de Ken Loach, palme d’or à Cannes, qui est un film plutôt bien maitrisé, au récit efficace, bien ficelé et intéressant avec un message fort et poignant, mais pour autant, il n’y a rien de bien marquant là-dedans et finalement, on y repense pas forcément.
De même pour Comancheria qui a été plutôt bien reçu. La aussi, tous les ingrédients y sont, du casting à l’ambiance en passant par le rythme, mais finalement rien de bien hors du commun.
Et puis dans tout cela, il y aura les devenus classiques Marvel et Star Wars qui, comme chaque année ne figureront pas au classement mais qu’on ne manquera pas de voir puis de défendre/enfoncer (choisir une des deux mentions), car ils s’inscrivent désormais dans une certaine tradition de laquelle il est bien difficile de s’échapper.
1 – Room – Lenny Abrahamson
Auréolé de plusieurs récompenses – dont l’Oscar de la meilleure actrice pour Brie Larson -, Room est effectivement un film magnifique. L’histoire est forte très bien menée et se développe au-delà des espérances (ou craintes) que l’on pouvait avoir après la première demi-heure du film. L’interprétation notamment des deux acteurs principaux et la description de leur perception respective est réalisée avec justesse et brio. Incontournable.
2 – Captain Fantastic – Matt Ross
Pour un premier film, voici un coup de maitre ! Traitant d’une thématique qui s’avère bien plus large qu’il n’y parait, Captain Fantastic expose des idées qui vont se trouver confrontées à la réalité des choses. Il nous ramène à notre vision, à notre façon d’être et chacun y trouvera de quoi réfléchir. L’histoire ne stagne pas, ça ne traine pas en longueur et on ne tombe pas dans le pathos. L’interprétation est par ailleurs excellente. Interrogeant.
3 – Les Huit Salopards – Quentin Tarantino
Tarantino fait toujours autant parler de lui. Ce dernier opus est sans doute celui qui renoue le plus avec le brio d’antan. Comme dans Reservoir Dogs, on est dans un huis-clos, mais les deux films n’ont pas grand chose à voir. Beaucoup plus de personnages et de possibles, le moindre espace est utilisé sans la sensation de tourner en rond, des indices sont distillés dans un grand nombre de plans jusqu’à la révélation finale. Grandiose.
4 – Demolition – Jean Marc Vallée
Après l’excellent Dallas Buyers Club, Jean Marc Vallée continue de proposer des films avec son regard si particulier. Dans Demolition, Jack Gyllenhall encore très intéressant, se perd quelque peu entre le monde qui l’entoure et ce qu’il pense réellement. On accompagne ce personnage dans ses pérégrinations. Avec talent et mesure, on essaye de comprendre le cheminement, celui par lequel on passera peut-être également, pour de vrai… Remarquable.
5 – Premier Contact – Denis Villeneuve
Ce film est beau. Il est terriblement bien construit, tellement qu’il n’a pas peur de prendre son temps. Il nous captive, nous fascine. On est complètement happé par l’histoire qui décrit bien l’état actuel de notre société fait de crainte de l’autre, qui prône que l’attaque est la meilleure défense. Le final est « désarmant » mais pouvait-on seulement s’attendre à quelque chose de plus concret encore ? N’est-ce pas ce qui rend ce film encore plus fort ? Sensationnel.
6 – The Revenant – Alejandro Inarritu
On en a beaucoup parlé, notamment parce qu’il vient après Birdman, salué par les Oscar, mais aussi par ses scènes incroyables de réalité avec l’ours et le cheval. The Revenant est un film captivant. Certes, il est un peu long et DiCaprio y parait immortel, mais on s’y sent bien, on a envie de suivre ce personnage au destin cruel, et il se dégage tout un tas d’interrogations auxquelles il nous conviendra de répondre ou non. Spectaculaire.
7 – Midnight Special – Jeff Nichols
Emporté dans une histoire pas banale, Jeff Nichols expose encore une fois son regard sur le lien familial et ses perpétuelles remise en cause. On aime ici à s’interroger sur le pourquoi et le comment et se rendre compte au final que cela a bien peu d’importance en comparaison avec la possibilité d’ailleurs, et la confrontation directe de chacun avec ses propres peurs. Allégorique.
8 – Saint Amour – Benoit Delépine et Gustave Kervern
Le film a ses faiblesses, mais possède suffisamment de force pour figurer dans ce classement. Tout d’abord de par son casting, qui malgré les doutes compréhensibles est excellent, de par l’originalité du scénario ensuite et surtout par la justesse de certaines scènes qui sont tellement touchantes et par moments hilarantes : on ne peut que succomber à cette douce folie. Extraordinaire.
9 – Spotlight – Tom McCarthy
C’est sans doute le film le moins original de ce classement, tiré d’une histoire vraie, déroulant le fil, réalisation classique, etc. Pourtant, il faut saluer la performance des acteurs, Mark Ruffalo encore une fois excellent et l’importance du récit qui souligne bien le travail qui a été mené, ce qui en a couté et la notion de culpabilité qui s’entremêle avec l’appât du gain et notre habitude à ne pas regarder les choses en face. Important.
10 – Zootopie – Byron Howard et Rick Moore
Très attendu, Zootopie va réussir à ne pas décevoir. Le pitch était prometteur et plein d’humour, l’histoire est plutôt de bonne facture, quoique traditionnelle… Pourtant, il manque un petit quelque chose. Peut-être un peu plus de folie et d’humour. Car finalement l’histoire est plutôt sérieuse et souligne les mauvais aspects de notre société. Bourré de références qu’on adore et d’ingéniosité, Zootopie reste tout même une bonne expérience. Bestial.
SOLEIL HACKANSSON
1 – Divines
Sous les apparats du petit film sociétal de banlieue se cache une véritable tragédie qui n’a de cesse de gagner en ampleur à mesure que ses séquences s’enchaînent. Divines marque également la révélation de deux sœurs ogresses à l’envie de cinéma dévorante et dont le ton juste et l’énergie pure captivent instantanément, Houda Benyamina à la caméra et la jeune Oulaya Amamra.
2 – Mademoiselle
Parce qu’ils aiment faire les petits malins, se regardant filmer et s’extasiant à chacun de leurs plans, certains cinéastes oublient parfois qu’un bon film porte avant tout une bonne histoire. Sans style, le conte mis en image par Park Chan-Wook trébucherait peut-être, mais ce serait oublier que le Coréen n’en a jamais manqué. Parfait contrepied de La vie d’Adèle, son œuvre, riche et forte, constitue peut-être la plus belle histoire d’amour entre femmes que le cinéma ait abrité ces dernières années.
3 – Quand on a 17 ans
Accompagné de Céline Sciamma à l’écriture, Téchiné nous offre peut-être l’un de ses plus grands films, tenu par l’un de ses couples les plus magnétiques (Corentin Fila et Kacey Mottet-Klein). Film initiatique sur la montée d’un irrépressible désir entre deux adolescents, Téchiné y tient à la caméra un rôle de passeur, montrant, caressant, accompagnant, sans nier la brutalité des premiers émois, mais en y apposant l’œil juste et bienveillant du vieux sage.
4 – Ma vie de courgette
Toujours dans les bons coups, Céline Sciamma signe le scénario d’un film d’animation sincère et sensible où se nichent autant de tendresse que de mélancolie. Simple, élégant et jamais racoleur, Ma vie de courgette prend à revers les derniers Pixar et Disney, condamnés à leur quête d’absolue distraction et à cette incapacité commerciale de réellement amener l’enfant vers des émotions qui ne relèveraient pas de la joie immédiate pour puits sans fond.
5 – Captain Fantastic
Blockbuster indé, ce road-feel-good-movie familial de Matt Ross pourrait agacer par la facilité de son cadre. Ce serait nier son approche résolument politique du monde et sa volonté de porter le combat de gauche en osant autant divertir que montrer. Main tendue, franche et chaleureuse et admettant quelques tremblements, Captain Fantastic est sûrement le film qui aura suscité le plus de débats d’après séance cette année, tant il aura souhaité en ouvrir, avec pour cap, définitivement louable, d’initier l’apolitique aux enjeux des valeurs et des sensibilités animant le reste du monde.
6 – Premier Contact
Sous son patriotisme gênant et ses longs moments destinés à camoufler un scénario de deux pages, Premier Contact réussit le tour de force de rester définitivement captivant. L’aventure intellectuelle de ses protagonistes porte en elle un profond désir de comprendre l’autre, d’apprendre de lui, voire de s’en émouvoir et vise à l’universalité avec un talent qui la rapprocherait des meilleurs Nolan.
7 – Deadpool
Il était bien difficile d’imaginer qu’un Marvel puisse à nouveau se montrer rafraîchissant, tant la franchise n’avait rien produit de bon depuis les deux premiers Spider-Man. Et pourtant, le Hank Moody boosté aux amphets qui cabriole durant l’heure et demie de ce blockbuster à petit budget ne pourra que séduire les amateurs de punchlines et d’autodérision. Jusqu’au-boutiste dans son ton et son énergie, il nous rappelle qu’un blockbuster dénué d’ambitions supérieures peut encore constituer un bon film.
8 – Merci Patron !
Il est des films nécessaires. Parmi eux, ceux qui visent à mener le combat et à ouvrir le terrain vers de petites mais essentielles victoires, forment une telle source d’espoir qu’ils deviennent indispensables.
9 – Solange et les vivants
Avant d’être un personnage, Solange est un concept, celui de l’audace d’être ce que l’on veut être de soi-même. Ou comment la part de nécessaire camouflage ouvre le chemin de l’authenticité la plus grande. Dès lors, voir Solange être Solange une courte heure ne peut constituer qu’un merveilleux sujet de réjouissance.
10 – Juste la fin du monde
Pur film de casting et de dispositif, le dernier Dolan n’en est pas moins percutant, disant une famille dans sa vérité avec un ton juste et sec. Les sens du plan et du rythme du Canadien démontrent chez un talent qui ne confine pas simplement à l’esbroufe.
Ils auraient pu figurer dans ce top : Moi, Daniel Blake, The Neon Demon, L’avenir, Brice de Nice 3 (Si, si…).
J’ai hélas raté : Un dernier train pour Busan, La tortue rouge, Le garçon et la bête.
Si vous les attendiez dans ce top, il faudra chercher ailleurs : Rogue One : a Star Wars Story, La loi de la jungle, Les huit salopards, The Revenant, Personal Shopper.
YANNICK LACOMBE
1- Rester Vertical d’Alain Guiraudie
Sans doute l’objet de cinéma le plus radical, le plus contemporain, le plus engagé, le plus politique de 2016. Le film libre d’un cinéaste au sommet de son art qui a su tout remettre en question à l’issue de son chef-d’œuvre précédent, L’inconnu du Lac.
2- Green Room de Jérémy Saulnier
Deux ans après le formidable Blue Ruin, Jeremy Saulnier nous livre Green Room en forme d’uppercut frontal. Le film est un choc, un pur film de siège, un survival dense, réaliste, ultra-violent, imprégné de brutalité et d’innocence.
3- Elle de Paul Verhoeven
Le retour du maître hollandais. Après avoir fait imploser les modèles américains avec Robocop, Showgirls et Starship Troopers, il s’attaque avec perversité au puritanisme à la française et aux codes de la nouvelle vague. Impressionnant avec une Isabelle Huppert ahurissante en route pour les Oscar.
4- Personal Shopper d’Olivier Assayas
Filmer l’invisible en s’en remettant à la force de la pensée et des esprits. Un objet hybride qui convoque films de fantômes, thriller machiavélique et portrait fétichiste. Le cinéaste frappe fort et juste dans un flux d’images contemporaines et hisse Kirsten Stewart au statut d’icône absolue.
5- Un jour avec, un jour sans de Hong Sang Soo
Hong Sang Soo livre avec Un jour avec, un jour sans, un manifeste de mise en scène et se pose comme l’un des plus grands cinéastes de la rencontre amoureuse.
6- Julieta de Pedro Almodovar
Un saisissant portrait de femme transpercé par la culpabilité et la fuite du temps. La perfection par Pedro Almodovar.
7- Carol de Todd Haynes
L’autre portrait de femmes, mais cette fois-ci au pluriel. Cate Blanchett et Rooney Mara irradient cette pure tragédie à la manière de l’âge d’or américain. Un film à fleur de peau à la sensualité débordante et une autre forme de perfection.
8- Paterson de Jim Jarmusch
Avec Paterson, Jim Jarmusch filme la sublimation du quotidien par la poésie. Un hymne puissant à la simplicité en forme de Haïku.
9- Dernier train pour Busan de Yeon Sang-ho
L’ovni de l’année nous vient de Corée du Sud. Une saillie politique enrobée en film de zombies. Jouissif.
10- Premier contact de Denis Villeneuve
Percer l’énigme métaphysique laissée par Kubrick dans 2001, l’odyssée de l’espace en livrant une réflexion passionnante sur le temps, le langage et le déterminisme de la vie. Un film sur la non-menace et les dangers du repli sur soi. Brillant.
L’année cinéma 2016 a été prolifique en personnages féminins magnifiques. Certains figurent dans ce top : Isabelle Huppert dans Elle, Kirsten Stewart dans Personal Shopper, Adriana Ugarte dans Julieta, Cate Blanchett et Rooney Mara dans Carol, Amy Adams dans Premier Contact.
D’autres resteront tout aussi inoubliables. On pense à Shu Qi dans The Assassin de Hou Hsiao Hsien, Elle Fanning dans The Neon Demon de Nicolas Winding Refn, Virginie Efira dans Victoria de Justine Triet ou Paula Beer dans Frantz de François Ozon.
Toutes ces actrices ont trouvé en 2016 parmi leurs plus beaux rôles et ont permis à leur metteur en scène de livrer des films importants. On pense particulièrement à Assayas, Verhoeven ou Winding Refn qui ont fait de ces rencontres d’actrices un nouvel épicentre dans leur filmographie.
L’année cinéma 2016 aura aussi été l’année de l’Asie et le retour en force de la Corée du Sud. Deux figurent dans ce top 10, mais bien d’autres auraient pu y figurer. On pense à Man on high heels, The strangers ou Mademoiselle pour la Corée du Sud mais aussi à The Assassin du maître taiwanais Hou Hisao Hsien ou à Kaili Blues du chinois Bi Gan.
Enfin 2016 nous aura permis de découvrir des films jusqu’à lors inédit en salle en France. Deux sommets de cinéma parmi ceux-là : Mysterious Object At Noon d’Apichatpong Weerasethakul et Bleeder de Nicolas Winding Refn.
FREDERIC RACKAY
1 – Paterson, de Jim Jarmusch
Une véritable petite merveille qui synthétise tout ce que l’on aime dans le cinéma de Jim Jarmusch, sa façon de hisser des petits riens au rang de grandes choses, la déambulation poétique, le rythme nonchalant, les dialogues décalés. La mise en scène est d’une élégance et d’une finesse qui font de ce film une petite bulle de bonheur qui vous met le sourire aux lèvres et vous réchauffe le coeur pendant deux heures.
2 – Mademoiselle, de Park Chan-Wook
Park Chan Wook est un cinéaste de la perfection, il suffit de contempler la mise en scène de Mademoiselle, à tomber à la renverse, pour s’en convaincre et faire taire les commentaires qui ne voient toujours en lui que le clinquant et la violence. Précision du cadre et des mouvements d’appareils, détails signifiants des décors et des costumes, tout dans Mademoiselle est mis au service de la manipulation du spectateur, qui se laisse piéger par un récit à tiroir diabolique d’intelligence et d’interprétations. À la fois histoire d’amour saphique sensuel et érotique, thriller hitchcockien, film politique et historique, Mademoiselle est un sommet dans la carrière du maître coréen.
3 – Premier Contact, de Denis Villeneuve
Avec cette histoire en forme de palindrome, Premier Contact fait partie de ces films dont la signification est révélée in fine au spectateur et auxquels on repense longtemps après la projection. Mais le film ne repose pas que sur son twist malin, mais sur des bases de science-fiction humaniste qui interpellent les histoires personnelles, interrogent les destins. C’est aussi un film sur le deuil qui convoque le Tarkovski de Solaris. Denis Villeneuve accompagne cette histoire avec beaucoup de simplicité, sans recourir au spectaculaire à tout prix, prouve qu’il est à l’aise dans tous les genres, et nous rassure sur sa capacité à donner à Blade Runner la suite qu’il mérite.
4 – Midnight Special, de Jeff Nichols
Voici un autre film dont l’argument science-fictionnel est au service d’une histoire universelle reposant sur la famille et la relation père-fils. Jeff Nichols marche ici dans les traces de Steven Spielberg et John Carpenter, sans avoir à rougir de ces illustres aînés. Michael Shannon est bouleversant dans ce rôle de père qui doit lâcher-prise, accepter que son enfant grandisse et grandir avec lui.
5 – Le garçon et la bête, de Mamoru Hosoda
Mamoru Hosoda est décidément l’un des plus grands réalisateurs japonais actuel. Avec un certain nombre de constantes qu’il développe de film en film – les mondes parallèles, l’opposition entre la modernité et la tradition, l’animalité, le primitif – il réussit pourtant à renouveler son univers pour délivrer des histoires nouvelles et originales à chaque fois.
6 – Les huit salopards, de Quentin Tarantino
Avec son huitième film – et son deuxième western – Quentin Tarantino renoue avec la tradition du huis-clos qui l’a révélé avec Reservoir Dogs, dont Les huit salopards pourrait être une forme de remake à l’ère du far west. On retrouve tout ce qui fait l’essence de son cinéma, jusqu’à une forme de crispation dans la répétition et l’auto-citation. Pourtant, si les détracteurs ne voient dans Les Huit salopards qu’une façon de bégayer le même cinéma sans renouvellement ni originalité, il faut admettre cependant que Tarantino n’a rien perdu de son talent de dialoguiste et de sa maîtrise dans la mise en scène.
7 – Elle, de Paul Verhoeven
C’est tout d’abord un film pour Isabelle Huppert, absolument monumentale dans ce rôle qui lui permet de donner toute la mesure de son talent. Mais c’est aussi un moyen pour Paul Verhoeven de dynamiter les codes du cinéma français petit bourgeois en le contaminant de l’intérieur. Jouissif.
8 – Green Room, de Jeremy Saulnier
Jeremy Saulnier livre avec Green room un survival où les agresseurs sont plus flippants que n’importe quel monstre issu du cinéma d’horreur : ce sont des neo-nazis qui sont la face obscure d’une Amérique qui vote Trump en 2016. Le réalisateur gère l’espace clos et ses possibilités, multiplie les genres – teen movie, épouvante, suspens – pour délivrer un film primitif et bestial que l’on peut juger politiquement a posteriori, au regard des élections américaines de novembre dernier.
9 – The neon demon, de Nicolas Winding Refn
Nicolas Winding Refn est un cinéaste clivant dont on aurait tort de ne retenir que Drive. Avec The Neon Demon, il célèbre son actrice, Elle Fanning, l’iconise à outrance dans une grande célébration du star system où s’entremêlent les paillettes et le sang. Un jeu de massacre élégant, que le réalisateur organise à sa manière ultra esthétisante, mélangeant l’imagerie de la mode, du giallo, du slasher et du video-clip.
10 – Les délices de Tokyo, de Naomi Kawase
C’est un petit film tout simple, une belle histoire intergénérationnelle qui permet à Naomi Kawase de tisser de jolies choses sur la tradition, la rédemption, l’effort, l’apprentissage, sans jamais tomber ni dans le cliché ni dans le pathos que le sujet faisait craindre. Au contraire, la mise en scène est toute en finesse et en subtilité, sans jamais vouloir faire passer les émotions de force. Un petit régal.