En 2007, un agent immobilier de 25 ans, John Maloof, fait une découverte qui va changer sa vie, à savoir les milliers de négatifs d’une certaine Vivian Maier, née en 1926. Ces photos – presque exclusivement en noir et blanc – révèlent un talent et un œil égal aux plus grands street-photographers américain, de Garry Winogrand, Helen Levitt à Joel Meyerowitz qui apparaît dans le film. John Maloof aidé de Charlie Siskel partagent aujourd’hui cette découverte, son histoire et l’histoire de cette femme que John Maloof a tenté de reconstituer en rencontrant les personnes ayant connu Vivian Maier.
Deux tonalités se bagarrent, l’une parfois embarrassante, incarnée par Maloof lui-même, qui se met en scène dans une position très confortable, contre les institutions du monde de l’art contemporain, et s’attribue de manière appuyée le bénéfice d’avoir fait découvrir au plus grand nombre une photographe extraordinaire, qui semble selon lui plus proche d’un art sincère et humain que celui qui serait montré aujourd’hui. L’aspect success-story, épaulé par une musique très cajoleuse et indiscrète, rend parfois pénible la présentation de cette histoire pourtant fascinante. Et c’est la deuxième tonalité, celle apportée par le personnage de Vivian Maier, qui se dessine au fur et à mesure que le film avance.
Vivian Maier fut gouvernante dans de nombreuses maisons, elle s’occupa d’enfants de différentes familles bourgeoises américaines chez qui elle vécu toute sa vie, le plus souvent dans une chambre au grenier. Sans révéler certains des aspects les plus prégnants dans le mystère et le brouillard autour de ce personnage, on apprend par exemple qu’elle détestait les hommes, qu’elle pouvait être parfois violente, et qu’elle empilait des dizaines de journaux dans sa chambre. On voit sa grande silhouette très droite se refléter sur les vitrines qu’elle photographie, regardant autant l’objectif que son propre regard.
Le film fait s’enchaîner les témoins, montre les photographies, on suit pas-à-pas le travail de recherche biographique effectué par le réalisateur, ainsi que dans une moindre mesure, le travail d’exposition et de restauration des images prises par Vivian Maier.
Cette histoire très américaine rappelle celle de la chanteuse folk Connie Converse à l’œuvre, redécouverte et à la disparition énigmatique. Si le film a parfois une allure un peu poussive, la vie de la photographe passionne tellement par les images et discours qu’elle produit, que le film ne devient plus qu’un support aux atours éclipsés, uniquement destiné à ce que l’on entre un peu dans le mystère Vivian Maier. Le film en soi ne présente pas de point de vue singulier, il n’est pas formellement stimulant et tient plutôt du reportage que du documentaire, mais l’histoire de Vivian Maier est à découvrir pour les interrogations qu’elle soulève, de l’ordre d’un polar auquel il manquerait les dernières pages.
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