Dimanche soir, Joel et Ethan Coen dévoileront le palmarès du 68ème Festival de Cannes et la tant attendue Palme d’or.
Difficile de savoir, à l’heure qu’il est, quel film succèdera à Winter Sleep du turc Nuri Bilge Ceylan même si les rumeurs animent chaque jour un peu plus la Croisette.
Nous ne ferons pas de paris sur le verdict final tant l’histoire de Cannes nous a habitués à déjouer tous les pronostics.
Parfois pour le meilleur : Oncle Boonmee d’Apichatpong Weerasethakul primé en 2010 par le jury de Tim Burton ou Elephant de Gus Van Sant lauréat en 2003 sous l’égide de Patrice Chéreau.
Et parfois pour le pire : Les meilleures intentions de Bille August en 1992 récompensé par Gérard Depardieu ou Farenheit 9/11 en 2004 primé par Quentin Tarantino.
Néanmoins, nous ne pouvions pas en rester là après 10 jours menés tambour battant avec beaucoup de passion, d’enthousiasme et un peu de fatigue.
Versatile-mag vous livre son palmarès qui sera sans doute différent de celui du jury et qui animera dans les semaines à venir débats, frustrations et questionnements sur la planète cinéphile.
La compétition officielle cette année fut assez homogène avec un niveau de qualité satisfaisant mais n’atteignant que très rarement les fulgurances espérées.
Les grands films sont venus d’Asie avec Mountains may depart du chinois Jia Zhang-Ke ou The Assassin du Taiwanais Hou Hsiao Hsien. Ce sont sans aucun doute les propositions de cinéma les plus audacieuses, les plus radicales, les plus absolues. Nous aurions pu ajouter deux autres films à cette liste. L’un était hors compétition, Mad Max : Fury Road de George Miller, et l’autre à Un Certain Regard : Cemetery of splendour d’Apichatpong Weerasethakul.
Si le cinéma italien s’est lui aussi présenté en bonne santé, les déceptions sont venues de la France avec des films moyens voire médiocres : Maïwenn ou Valérie Donzelli.
Ce qui en dit long sur l’état du cinéma français qui n’a pas convaincu cette année quelles que soit les sélections, à l’exception sans doute des films d’Arnaud Desplechin, de Philippe Faucon (tous deux sélectionnés à La Quinzaine des réalisateurs) ou de Jacques Audiard en compétition officielle. Finalement la vraie bonne surprise du côté de la France est venue du formidable film de Stéphane Brizé, La loi du marché, avec un Vincent Lindon prodigieux.
Nous y avons aussi vu des films mineurs de grands cinéastes. Gus Van Sant en premier lieu suscitait beaucoup d’attente. Le film est honorable mais n’atteint pas les sommets d’Elephant ou de Gerry. On pourrait en dire de même pour Kore-Eda ou Joachim Trier qui n’a pas su maintenir la force d’Oslo, 31 août.
On dit souvent que le cinéma donne un regard sur l’état du monde, de notre civilisation et que Cannes est un instantané des grands mouvements actuels. Cette édition n’est pas en reste. Que cela soit sur l’occidentalisation des grands territoires de l’est, des problématiques d’intégration sociale, d’un capitalisme cannibale des utopies sociétales.
Mais ce qui frappe le plus cette année, c’est le retour au premier plan de l’intime, de l’introspection, du questionnement sur le couple, sur le sexe, sur l’amour, des rapports familiaux dans des contextes de lutte et de recherche de sens. La plupart des cinéastes présents en compétition ont livré leur vision des difficultés de notre société sur ces sujets. Que cela soit Yorgos Lanthimos, Paolo Sorrentino, Gus Van Sant ou Todd Haynes. Sans parler de Gaspard Noé, hors compétition, qui, avec Love, a voulu faire le film d’amour absolu.
L’édition 2015 du festival de Cannes a vu de vraies performances d’acteur. Et le choix sera sans doute difficile.
Du côté des garçons, nous avons parlé de Vincent Lindon qui est notre favori. Mais que dire des performances de Michael Caine dans Youth de Paolo Sorrentino, de John Turturro dans Mia Madre de Nanni Moretti, de Benicio del Toro dans Sicario ou de Jesuthasan Antonythasan dans Dheephan de Jacques Audiard.
Du côté des filles, il en va de même. Le couple formée par Cate Blanchett et Rooney Mara dans Carol de Todd Haynes est vertigineux. On retiendra aussi la performance de Margeritha Buy dans le film de Nanni Moretti, de Shu Qi dans The Assassin de Hou Hsiao Hsien, de Zhao Tao dans le film de Jia Zhang-Ke ou d’Emily Blunt dans Sicario de Denis Villeneuve.
Sans plus attendre, voici notre palmarès de cœur au travers des 7 prix qui seront décernés dimanche soir par le jury du festival.
Palme d’or : Mountains May Depart de Jia Zhang-Ke
Grand prix du Jury : Mia Madre de Nanni Moretti
Prix du jury ex-aequo : Youth de Paolo Sorrentino et Sicario de Denis Villeneuve
Prix de la mise en scène : The Assassin de Hou Hsiao Hsien
Prix du scénario : The Lobster de Yorgos Lanthimos
Prix d’interprétation masculine : Vincent Lindon dans La loi du marché de Stéphane Brizé
Prix d’interprétation féminine : Cate Blanchett et Rooney Mara dans Carol de Todd Haynes