Baahubali – The Beginning de S.S. Rajamouli est la première partie d’un colossal dyptique indien, plus gros budget de l’histoire du pays, et un de ses plus grands succès. Mais rien à voir avec Bollywood, Baahubali est une production Tollywood, désignant l’industrie du cinéma en langue Telegu, dialecte propre à la région sud de l’Inde. Il s’agit donc d’une production régionale qui vient titiller la gloire nationale des œuvres issues de Bollywood. Malgré son récit classique propre aux fresques princières épiques – un orphelin recueilli par une communauté étrangère apprend qu’il est le fils d’un légendaire guerrier héritier du trône d’un royaume du Nord assassiné par son « frère » jaloux et part redorer le blason de sa famille – se trame un film à l’enthousiasme, la bonne humeur et la générosité (2h40 quand même) étonnante. Il faut dire que le talent de cinéaste de Rajamouli n’est plus à remettre en cause après le succès national, et un début de reconnaissance internationale, reçus avec la comédie romantique déjantée et fantastique Eega. Sorte de Zack Snyder du pauvre, mais avec un caractère bon enfant et comique en plus, il passe allègrement d’une scène romantique absurde et aux allusions sexuelles un peu grasses à une bataille gigantesque fournie en CGI dans la pure tradition d’un 300 – ralentis, travelling et découpage façon comic books. Le film est effectivement sans cesse sur un fil, dépassant souvent les limites du bon goût et de l’absurde (déclenchant des fous rires exquis et autres tonnerres d’applaudissements de la foule en délire) mais parvient finalement à faire mouche : faire passer un moment d’euphorie et de plaisir total.
Cependant, on ne peut nier les qualités évidentes du film, souvent provoquées par sa folie. D’abord ses musiques, et pas seulement les superbes numéros chantés, transportent le film dans le registre habituel des fresques Hollywoodiennes du même acabit. Ensuite, le jeu d’acteur, pas toujours excellent, fonctionne car les différents interprètes apportent suffisamment de conviction en leur personnage pour faire adhérer le public. Enfin par la virtuosité de certaines séquences, notamment le combat final qui par moments n’a rien à envier à certains blockbusters américains. Bahuubali est un film très imparfait et souvent ridicule mais qui prouve qu’il est avant tout question de croyance dans cet art incroyable qu’est le cinéma. Pas de croyance religieuse, malgré l’omniprésence de la figure divine de Shiva, mais croyance du spectateur en l’histoire qui se déroule devant ses yeux, croyance du réalisateur et des techniciens en l’œuvre, croyance des acteurs en leur personnage. Une alchimie qu’on espère retrouver dans la suite et fin de la saga Baahubali, peut être lors de la 22ème édition de l’Etrange Festival ?
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