La bande annonce de Ghost in the Shell était alléchante : Scarlett Johansson à poil en permanence, un univers joliment retranscris et des scènes d’actions réussies. Force est d’admettre que le film tient ses promesses : la donzelle s’habille bien peu et l’ensemble des décors et des chorégraphies nous en met plein les yeux, particulièrement en IMAX 3D. Si le cinéma se résumait aujourd’hui encore à un art forain, à un art de la monstration, nul doute que le produit proposé par Rupert Sanders serait plus qu’acceptable. Au XXIème siècle, toutefois, les exigences de la plupart ont changé ; aussi attendons-nous autre chose : une vision, des idées, a minima un scénario, des personnages, soit tout ce que cet objet filmique se révèle incapable de produire.
Souffrant du syndrome de la bande annonce d’une heure et demie (1h47, ici), Ghost in the Shell répond aux contingences programmatiques de tous les récents blockbusters ne disposant que d’un cahier des charges pour tout penseur. Appliquée de manière névrotique, la formule provoque le mal de crâne habituel à coups de scènes d’actions frénétiques et d’assourdissantes explosions s’enchaînant sans réels liens et peu capables de susciter l’intérêt au delà du premier quart d’heure. Le reste est une torture et seuls la jolie Scarlett et les incroyables prouesses visuelles de l’IMAX 3D motivent à ne pas fuir immédiatement son siège.
Aussi s’avèrera-t-il difficile de s’exprimer plus longuement sur ce métrage aussi oubliable que peu recommandable et auquel ne manque que quelques vaisseaux pour être confondu avec un récent épisode de Star Wars ou de Pirates des Caraïbes. Nous pourrions toutefois prendre le temps nous lamenter à nouveau quant au déclin d’un Hollywood recyclant paresseusement toutes les franchises imaginables pour substituer à leur substance initiale la plus lénifiante absence d’esprit (afin d’abrutir plus avant ceux du public concerné), craignant par la même le prochain Blade Runner dont nous espérons encore et pourtant qu’il nous fera oublier ce que nous venons de voir. Mais concluons par une touche de délicatesse et d’espoir, en rappelant que le dernier Hong Sang-Soo (Yourself and Yours) est toujours projeté cette semaine à l’Archipel et au Reflet Médicis. Une œuvre asiatique réelle et convoquant autrement plus l’imaginaire, les fantômes et leurs coquilles que celle évoquée précédemment.
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