Avec Psiconautas, premier long-métrage d’animation, Alberto Vazquez et Pedro Rivero privilégient la singularité de leur univers à la justesse narrative et l’émotion.
Au large des côtes, une île sombre dans le désespoir et la violence après qu’une catastrophe écologique ait tout dévasté sur son passage.
Birdboy et Dinky, deux adolescents qui ne se connaissent pas vraiment, veulent s’enfuir à tout prix. Fuir l’état d’isolement et de marginalité, vu comme une prison mentale, pour le premier et rejoindre de manière plus terre à terre le continent pour la seconde, utopie pour eux d’une nouvelle vie.
Psiconautas est un film d’animation pour adultes tiré de la bande dessinée éponyme d’Alberto Vazquez, coréalisateur espagnol de ce premier long-métrage.
Et le film n’évite pas les écueils du passage de la BD au cinéma déjà observés chez d’autres grands talents, Enki Bilal en premier lieu.
Les deux espagnols dressent un univers très fort, empreint de puissance et de mélancolie, dans lequel des personnages se figurent à la croisée de l’humain et de l’animal.
Cet univers est le principal atout du film car, à lui seul, il raconte la survie, le désespoir et l’utopie.
Il se découpe en différents mondes allant du graphisme industriel aux courbes douces et minimales des personnages, en passant par des territoires verdoyants d’abondance en guise d’illusion.
Au fond, une sorte de jonction graphique s’opère entre le Miyazaki de Mononoké, le gothisme de Tim Burton et la noirceur de Spiegelman. Un cross over puissant mais parfois indigeste.
Là où le film échoue, ce n’est pas sur ce qu’il raconte, mais comment il le raconte.
Les deux cinéastes reprennent les codes du film choral, sans doute pour étirer un scénario qui aurait suffi à un moyen métrage. Le film ne dure que 75 minutes, mais cela paraît une éternité.
En reprenant, donc, les codes du film choral, ils dressent le portrait appuyé de différents personnages : Birdboy, adolescent toxicomane marginal et incompris, Dinky, jeune fille fragile et rebelle étouffée par un cocon familial lui préférant leur chien ou encore un pêcheur suicidaire, intoxiqué par sa relation à une mère dominante.
Et chaque personnage sera l’ambassadeur de sa propre histoire, métaphore du propos d’ensemble.
Birdboy est le gardien du peu de vie qui reste sur cette île et Dinky veut retrouver la vie ailleurs. Le pêcheur sera le passeur mental de ces personnages car l’un héritera des convictions de l’autre et vice-versa.
C’est ce passage qui donne le titre au film, Psicaunotas, en français Psychonautes.
Le problème est que ce passage n’existe pas à l’écran. La narration et le découpage ne réussissent pas le pari de la fluidité lorsque tout est censé converger.
Finalement, c’est une succession de vignettes d’une noirceur inouïe qui s’offre à nous dont on ne comprend pas très bien la cohérence.
Cette noirceur omniprésente ne laisse passer aucune lumière et l’émotion est constamment absente. Les personnages sont des blocs de charbon qui se consument et le regard des cinéastes ne révèle que peu d’empathie. Les points d’accroche sont inexistants et rendent le film hermétique.
Au final, et comme souvent, l’univers graphique ne suffit pas au cinéma et nous pousse à nous replonger dans l’œuvre dessinée d’Alberto Vazquez autrement plus stimulante.
Note:
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