Avec Free Fire, Ben Weathley déconstruit le film de fusillade en y injectant une bonne dose de cartoon.
Une vente d’armes clandestine, un hangar, des membres de l’IRA, une bande d’escrocs mafieux, une intermédiaire vénale, et tout dérape.
Le décor est planté et le film ne sortira pas de son huis clos.
Certes le dispositif est simple mais le britannique Ben Weathley ne fait jamais tout à fait comme les autres.
Après avoir revisité le film d’horreur (Kill List) et le thriller de science-fiction (High Rise) adapté de J.G. Ballard, le cinéaste s’attaque au film de fusillade.
Pari difficile tant le genre a fourni parmi ses plus belles références à l’histoire du cinéma.
Du thriller hard boiled chorégraphié qui donna ses lettres de noblesse à John Woo à l’ultra violence de Sam Peckinpah en passant par les saillies verbales et les effets d’hémoglobine de Tarantino et sa bande, il a révélé ou confirmé des talents incontournables maintenant inscrits au panthéon du 7ème art.
La bonne idée de Ben Weathley est d’envisager son film comme un cartoon. Un peu comme si Tex Avery faisait irruption au beau milieu de l’entrepôt de Reservoir Dogs.
Avec ce postulat de départ, le cinéaste affiche une modestie assez bienvenue et ne tombe jamais dans l’esbroufe superficielle d’un Guy Ritchie, cousin britannique autrement moins talentueux.
Il ne s’agit pas ici d’un argument de réinvention marketing mais bien d’une idée prise au pied de la lettre par le cinéaste, tant sur sa mise en scène, son montage que sur sa galerie de personnages.
Même si l’action se passe dans un lieu unique et dans une même unité de temps (ni cut / ni flash-back et tourné en ordre chronologique), la mise en scène, même dans ses mouvements les plus improbables et sophistiqués, devient élastique et protéiforme parce que l’idée de base l’autorise.
Les personnages sont à l’unisson. Ici, on ne meurt jamais du premier coup. Les tirs fusent, les balles sont perdues, les personnages rampent, saignent, s’évanouissent, se relèvent, obtempèrent, trahissent avec l’élégance toute grossière du loup de Tex Avery.
L’invraisemblance devient tout à fait vraisemblable et c’est assez jouissif.
Brie Larson, fraichement oscarisée pour Room en 2016, Cillian Murphy, Sharlto Copley et Armie Hammer se partagent l’affiche du film.
Ils donnent de la brillance, de l’empathie et de la légèreté à un casting hyper incarné qui débite de la punchline au rythme d’une mitraillette.
Free Fire, présenté à Toronto en 2016, produit par Martin Scorsese et mis en musique par Geoff Barrow (Portishead), sonne comme une délicieuse surprise avant la trêve estivale.
Note:
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