Ce soir à la Dynamo, ce n’est pas soirée disco, loin de là. C’est plutôt soirée post rock ! Et oui, car après le rock il y a bien quelque chose… Ah le post rock, sujet de nombreuses discussions qui laisse souvent les participants retranchés dans leur camp, entre les inconditionnels du son très fort et les réfractaires au mur de son ! L’essentiel est de ne laisser personne indifférent, puisqu’après tout quoi de pire que l’indifférence ?
Force est de constater que malgré tout, la Dynamo ce soir-là nous a offert un spectacle plutôt convaincant. Nous avons eu la chance d’assister à trois concerts pour le prix d’un, ce qui est toujours agréable notamment quand la qualité est au rendez-vous. Et puis c’est toujours un plaisir que de se rendre dans la sympathique salle de la Dynamo toujours accueillante et intimiste comme il faut !
Ceci étant, on ne sait pas vraiment à quoi s’attendre ce soir car il y a-là finalement des groupes qui, malgré une certaine renommée pour les initiés, sont jusqu’à ce jour plutôt confidentiels. Le post rock n’est pas forcément le style le plus vendeur, qu’on se le dise.
La lourde tâche d’inaugurer la soirée revient à Siann Lofhai, petit bout de femme qui impressionne par sa présence, seule sur scène, faisant face à une salle pas encore remplie et qui s’apprête à nous embarquer dans son univers. L’environnement est intimiste, trop peut-être pour nous laisser percevoir une grande timidité chez elle, ce qui la rend sans doute encore plus attachante.
Dans ce registre, qui n’est pas vraiment du post rock, les comparaisons vont forcément bon train tellement le filon a été exploité, en partant de Cat Power, passant par Mazzy Star et finissant par Shannon Wright. Mais nous restons ici dans un style bien particulier et qui pour l’instant suit sa propre voie.
Avec pour seul instrument sa guitare, Siann Lofhai nous propose un son personnel, qu’il va falloir laisser pénétrer en nous pour pouvoir prendre toute l’intensité proposée. Elle nous renvoie quelques années en arrière où la pédale loop était le nouveau truc à la mode et qui réjouissait un public forcément heureux de voir une création mélodique en direct. Cela nous rappelle évidemment Laetitia Shériff, véritable fer de lance de cette mouvance avec Camille, artiste un peu plus médiatique.
En revanche, l’usage à outrance de la pédale loop et de partitions de basse ou de violon pré enregistrées sur son mac nous montre à quel point il est dommage par moment de se la jouer solo. On aurait apprécié plus d’imprévu, plus de spontanéité, dans cet univers complètement habité par Siann Lofhai. Elle parviendra à nous entraîner dans son monde, même si certaines compositions nous laisseront plus en retrait.
La jolie jeune fille aura brillamment rempli sa part du contrat, nous attendrons la suite de ses compositions qui sont par ailleurs complètement libres d’écoute sur son site internet.
Le passage de Zéro Absolu sera d’un autre calibre. Le français est également en solo et le revendique puisqu’il aime à dire qu’il est un one man band contemporain. Ce qu’il va présenter sur scène sera franchement différent. Ici, on est sur du post rock tendance shoegazing, autant dire rien à voir avec Siann Lofhai. Quoique… Le jeune présente sur scène toute une floppé d’électronique, un mac, une batterie électronique, pédale loop à gogo, tellement qu’on se demande vraiment comment il s’y retrouve là-dedans !
Le premier extrait de Zero Absolu montrera toute l’étendue des possibilités du jeune homme. Une bonne introduction, la mise en place des différentes lignes de guitare, puis de basse, puis de batterie, etc. Bref, on est emporté par cette création et ces mélodies, certes assez puissantes, et qui laisse présager que du bon pour la suite.
Mais malheureusement, à force de rajouter, de retirer, de remettre, d’allonger et couper court à certaines chansons, tout cela finit par rapidement tomber à plat. Zero Absolu gagnerait sans doute à revenir vers plus de simplicité et aussi à déléguer un peu ! Évidemment, la présence d’une autre personne casserait la dynamique et le concept de base, mais il est parfois de bon ton d’ouvrir les perspectives…
Mais le plus gênant chez Zero Absolu, c’est le chant. Oui. On nous propose du post rock assez vigoureux, ce qui n’est pas forcément pour déplaire et poursuit bien la montée en puissance de la soirée. Mais malheureusement, cette voix traficotée, qui hurle et qui ne rencontre aucune pondération finit par nous laisser à la porte du concert. On évoquera, en parlant de ça, le groupe Linkin Park qui a, lui aussi, la fâcheuse tendance de partir dans les décibels vocaux sans raison particulière. Une filiation dont je vous laisse seul juge…
Bref, Zero Absolu n’aura pas convaincu ce soir là, même si une partie du public a semblé satisfaite. Il en faut pour tous les goûts ! Il laisse tout de même un sentiment de gâchis car des chansons comme par exemple Peaux mortes restent de belles productions.
Et enfin prend place sur scène le groupe le plus attendu de la soirée : la salle est pleine à la Dynamo, les instruments sont enfin de sortie, une batterie trône fièrement sur le devant de la scène, prête à en prendre plein la tronche. En revanche, le micro ne servira qu’à dire bonjour et au revoir !
Maserati, groupe américain originaire d’Athens en Georgie, n’en est pas à ces débuts. Formé en 2000, il possède déjà 5 albums à son actif. Le groupe fait partie de ceux où les musiciens vont et reviennent, pour des raisons plus ou moins volontaires. La carrière du groupe a donc été assez mouvementée, ce qui ne les empêchera pas de produire des albums et un concert ce soir plutôt réussi.
L’entrée en matière est pour le moins virulente ! A vos bouchons d’oreille, ça joue fort, très fort et franchement, ça en vaut la peine ! Et malgré la puissance sonore, le son sorti par Maserati est d’une qualité acoustique à souligner. Il est loin le temps de Siann Lofhai où l’on pouvait entendre les conversations inintéressantes du voisin. On verra par moment poindre les fantômes de God is an Astronaut ou encore de 65daysofstatics, mais dans une moindre mesure. Maserati conserve cependant sa particularité, sa pièce maitresse, qui est la batterie, véritable mascotte du groupe !
On prendra donc notre pied à écouter la superbe Inventions, ou encore The World Outside de ce qui sans doute leur meilleur album à ce jour Inventions for the New Season, mais aussi Pyramid of the Sun de l’album éponyme. Oui, on prendra notre pied. Et puis, avec le temps, on en viendra petit-à-petit à voir notre enthousiasme s’estomper. Non pas que la fin du concert était moins bien, non, mais il faut bien avouer que la musique de Maserati est plutôt répétitive. Souvent sur le même schéma, pas de chant, toujours de belles montées en puissance, mais mince, peu de nouveauté… L’énergie déployée pendant tout le concert où l’on verra notamment A.E. Paterra se déchainer sur sa batterie contrebalancera ce petit bémol.
On aura droit au rappel de circonstance, pour mieux saluer la prestation de Maserati et puis c’est content de cette soirée qu’on repartira au bercail ! Avec un petit son aigu dans les oreilles… Ça a joué fort, mais c’était bon !
Note: