C’est un documentaire sur une matière abstraite, un mouvement d’air précieux qui secoue, caresse et parfois maltraite nos tympans, un phénomène physique rare pour sa qualité mais abondant dans sa proposition. La Maison de la Radio est un documentaire sur le son avant d’être celui sur cette « maison » si particulière.
On y rencontre des gens – journalistes, réalisateurs ou encore chefs d’orchestre – qui n’ont qu’une obsession : fabriquer un son pur et parfait transmettant au mieux émotions ou idées.
Tous les coups sont alors permis. On fait, défait ou refait encore lorsqu’il s’agit d’enregistrements. En direct, les corps des présentateurs libérés de toute contrainte d’image et de maquillage deviennent les caisses de résonance des propos édictés. Les bras se balancent, le regard est dramatiquement concentré sur un texte imprimé et (souvent) raturé, la tête oscille au rythme des affirmations. L’engagement physique est total et l’on ressent un puissant enjeu qui se dégage de ces scènes : atteindre, toucher, intéresser ces auditeurs qui ne vous voient pas et ne vous verront peut-être jamais.
Le son devient alors cette identité fragile et ténue qui relie une personne à des milliers d’autres. Une fois cette idée comprise ou ressentie, le spectateur peut alors suivre avec délectation les pérégrinations immobiles de ce chasseur de sons dans une vaste forêt avec comme unique compagnon un micro surpuissant.
Précipitez-vous donc vers les salles obscures et faites grand bruit du nouveau docu de Nicolas Philibert. L’auteur du célèbre Etre et avoir sait décidément se faire oublier de ses sujets pour les laisser apparaître au plus près de ce qu’ils sont. Le propos n’est pas téléphoné et l’argument est vaste et généreux. A chaque spectateur de picorer à l’envi émotions et réflexions au gré de sa propre sensibilité visuelle et auditive.
Très bon voyage.
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