On ne saurait suffisamment remercier les organisateurs du concert de jeudi dernier. Zëro jouait aux Pavillons Sauvages et les ex-membres de Bästard, comme nous l’a rappelé Eric Aldéa, n’étaient tout simplement pas revenus à Toulouse depuis leur passage au Petit Diable – c’était déjà en 1996. Ils ont bien sûr repris quelques morceaux de cette période, des morceaux toujours aussi bons, pas près de rendre l’âme, mais nous ont surtout offert un set d’actualité, à base de radiations zëro et de partitions inédites, tout juste en rodage, dont un magnifique instrumental d’inspiration kraut qui fit office d’interlude au cœur du concert.
Il y avait beaucoup d’attente de la part du public mais on peut dire sans trop se tromper que leur prestation scénique fut largement à la hauteur : une pure déflagration rock’n’rollienne, irradiée de stases et de silences, surgie du noyau dur de leur imaginaire ténébreux. Un univers familier à ceux qui pratiquent le groupe, peuplé de personnages incertains mais souvent en correspondance les uns avec les autres, des sortes de personnages migratoires, errant entre les différents morceaux qui composent leurs disques (comme c’est le cas sur Hungry Dogs (in the backyard), sorti en 2011, où certaines figures reviennent d’une chanson à l’autre). Un univers où se mêlent signaux électroniques, guitares véhémentes, voix broadcastées, orbes digitales, ruptures rythmiques – autrement dit, le vacarme et la rumeur du monde, dans une version flirtant avec le fantastique et toujours en lisière du futur. Le concert s’est clos sur la reprise élégiaque du Hello Skinny des Residents auxquels Narcophony avait déjà rendu hommage, en 2005, à travers un album envoûté par les ondes Martenot.
Zëro est né aux alentours de 2007 des cendres de deux projets consécutifs, Bästard et Narcophony, et a déjà réalisé trois albums. Toute la discographie, ainsi que celles des autres projets menés par les différents membres du groupe, sont disponibles sur le site de leur label Ici d’ailleurs – y compris une anthologie de Bästard, The Acoustic Machine, qui retranscrit l’aventure menée entre les années 1992 et 1997.
– > Site du label Ici d’ailleurs
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