Que va-t-on chercher dans un concert de Thomas Fersen ? Peut-être des mots finement agencés au service d’histoires improbables où l’on croise une galerie de personnages bigarrés, ou encore un humour décalé et potache côtoyant une nonchalance de dandy faussement aviné. Le tout généralement servi par des arrangements riches et savamment mélodieux.
Ce sont d’ailleurs ces mêmes caractéristiques qui donnent à M. Fersen cette dimension si singulière qui le différencie largement de ses amis appartenant à la fameuse « nouvelle scène française » célébrée au début des années 2000.
Ce soir-là, dans le cadre du festival détours de chant, le pari était assez osé puisque le chansonnier parisien n’était accompagné que de son seul et excellent guitariste Pierre Sangra.
Mais malheureusement le bilan est assez mitigé et pas seulement à cause de cette formation épurée. Après 8 albums studio, l’univers de notre artiste conteur tend malgré tout à perdre de sa fraîcheur onirique. À force de piocher dans les mêmes ingrédients qui ont fait le succès de ses débuts, la recette reste toujours très bonne mais les saveurs sont moins gouleyantes.
Le choix des chansons a participé aussi au goût doux-amer laissé par cette prestation toulousaine. Avec cette formule en duo non liée à son actualité musicale, le dernier album étant sorti en 2011, on s’attendait à une large visite du riche répertoire de Thomas Fersen pour le plus grand plaisir des amateurs de la première heure. La déception fut donc de mise car une grande partie de la set-list était extraite de son dernier opus. On a donc assisté à une tournée promotionnelle de Je suis au paradis vidée, pour la circonstance, de ses fondations musicales : frustrant.
On pense alors avec nostalgie à cet ancien concert donné en 2000 dans cette même salle à l’époque de l’album Qu4tre. Nos deux multi-instrumentistes talentueux entourés de ukulélés, d’un piano, d’une flûte ou encore d’un violoncelle n’ont malheureusement pas fait oublier le son enchanteur de l’accordéon d’Alejandro Barcelona ou les cordes enjouées des précédentes tournées.
Paradoxalement ce ne sont donc pas les morceaux chantés qui marqueront cette soirée mais plutôt ces témoignages habilement naïfs racontant par exemple une relation de jeunesse très prude avec la femme « la plus grosse du monde » ou bien une scène conjugale absurde autour de l’amputation d’un bras d’un des protagonistes par un lion…
Heureusement la reprise des incontournables comme Les malheurs du lion, La chauve-souris ou bien Louise pouvaient valoir à elles seules le détour pour les aficionados. Dommage que la joie démonstrative du public à l’écoute de ces bons vieux morceaux n’a pas pu changer ce répertoire servi, certes, très honnêtement mais sans magie particulière. Embêtant pour un conteur chantant.
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