Nous avions quitté Carrie Mathison et l’ex-agent Brody dans une situation quelque peu délicate à la fin de saison 2 de Homeland, nous demandant à l’époque comment tout cela allait évoluer. Réponse à partir du 30 janvier sur Canal Plus. Mais avant de parler de cette saison 3 – sans spoiler ! -, revenons quelque peu sur cette série dramatique proposé par Showtime, la chaine payante qui nous a déjà régalés avec Dexter, Weeds, Californication et L Word et qui tient là encore une série d’un excellent crû et d’une qualité scénaristique remarquable. Sur le fond, un sujet assez intense outre-Atlantique, puisque la série aborde directement la lutte contre le terrorisme et revient de temps à autre à l’épisode du 11 septembre 2001.
Dans Homeland, nous suivons les agissements de Carrie Mathison, agente de la CIA, qui va lutter envers et contre tous pour prouver que l’agent Brody, un Marine retenu captif par Al-Qaïda pendant huit longues années et soudainement libéré, est en fait un agent retourné, dont l’objectif est de porter atteinte à la première puissance mondiale au sein-même de ses propres terres. A l’heure où il est considéré comme un héros national, comment Carrie va-t-elle pouvoir justifier sa crainte, crainte fondée sur une information obtenue sur le terrain, au tout dernier moment, auprès d’un informateur qu’elle avait elle-même recruté ? Voilà les bases de la série.
Rien de bien exceptionnel sur le papier et la thématique n’est pas des plus sexy. Mais passé le premier épisode, on se prend au jeu. Pour une raison assez simple, puisque la qualité scénaristique et la profondeur des personnages sont tels qu’on ne peut qu’accrocher. Le choix des acteurs ne gâche rien. Claire Danes est simplement époustouflante de justesse dans un rôle véritablement complexe et plein de contradictions. On l’avait déjà croisée à l’époque dans Angela, 15 ans, série sur le passage difficile de l’adolescence qui n’a duré qu’une saison, mais devenue culte depuis. On la connaît surtout pour des rôles au cinéma, notamment dans The Hours où elle interprète la fille de Meryl Streep, mais surtout dans le rôle de Juliette dans Roméo + Juliette de Baz Luhrmann où elle joue aux côtés de Leonardo DiCaprio.
On retrouve également Mandy Patinkin, excellent lui aussi, dans un rôle plus introverti et réservé, mais plein de puissance quand il le faut. Il interprète Saul Berenson, collègue et aussi ami proche et toujours fidèle à Carrie, qui va prendre un réel essor au fur et à mesure des saisons. Patinkin est encore une vieille connaissance qu’on a vu dans les séries Esprit Criminel et Dead Like Me et pour sa performance dans le film Princesse Bride (dans le rôle d’Inigo Montoya).
En revanche, Lewis Damian aura besoin de plus de temps pour être réellement convaincant. Pourtant porteur du rôle masculin principal, celui de l’agent Brody, on a plus de mal à croire en sa prestation, qui aboutira pourtant à quelque chose de remarquable. Lui aussi campe un rôle d’une complexité importante, où les sentiments sont ambigus et même souvent volontairement trompeurs. Il recevra tout de même le Golden Globe du meilleur acteur de série dramatique en 2013 tout comme Claire Danes dans la catégorie de la meilleure actrice féminine obtenu en 2012.
Bref, Homeland, en plus de posséder un beau casting, bénéficie déjà de la reconnaissance de ses pairs : le programme a obtenu le Golden Globe de la meilleure série dramatique en 2012 et 2013, devant Breaking Bad, Game Of Thrones ou encore House Of cards.
Mais revenons-en aux faits. La première saison nous avait déjà tenus en haleine tout au long de ses douze épisodes, en 2011. L’incroyable duo formé par Carrie et Nicholas Brody n’a de cesse que de jouer au chat et à la souris. Tantôt coupable, tantôt accusé à tort, le vrai et le faux sont constamment mêlés et on ne sait pas vraiment si ce Brody est bien un traître de la nation. Il doit en plus composer avec son retour à une vie normale, loin de ses geôliers, et retrouver femme et enfants après huit ans de captivité. Compliqué pour quelqu’un qui, de ce fait, verra ses ambitions sérieusement remises en question. Et pour Carrie, il en va de même, puisque son entêtement lui vaudra bien des problèmes, qu’à force de pourchasser les liens qu’entretenait Brody avec l’ennemi public numéro 1 des Etats-Unis, à savoir Abu Nazir, elle finit par s’isoler de plus en plus au sein de la CIA et par être remise en cause… Bref, l’étau se resserrant de plus en plus, la tension n’en finira pas de monter et tout pousse à un dénouement incroyable. La série y parvient !
Bref des scénaristes inspirés, une crédibilité redoutable, et un finish incroyable d’intensité qui font de cette première saison une réussite.
La deuxième saison sera d’une intensité certes moindre et verra les protagonistes évoluer dans différentes sphères. Il sera bien difficile d’en parler sans révéler quoi que se soit, mais la saison réservera tout de même elle aussi des grands moments de stress et de tension. On passera plus de temps à l’étranger, tout cela pour aboutir à une situation bien délicate pour le duo, telle qu’évoquée plus haut.
Ce qui nous amène directement à la troisième saison, qui ne sera pas la dernière, puisque Showtime a déjà reconduit la série. La diffusion ayant déjà eu lieu aux Etats-Unis, le dénouement en est donc connu et une chose est sûre, la série tient ses promesses. Avec de grandes qualités, cette dernière sortie se fait la tête haute. Avec un énorme rebondissement au bout des quatre premiers épisodes, qui en aura ulcéré plus d’un aux Etats-Unis. Les scénaristes ont frappé un énorme coup, du genre auquel on ne peut décemment penser une seule seconde. Quelques fans se sont sentis trahis par le plus gros mensonge qu’on leur ait jamais fait, mais en réalité, il s’agit-là d’un effet de style des plus réussis. Carrie n’aura toujours pas la vie facile, Brody va endurer encore un calvaire et c’est véritablement Saul Berenson, fort de son nouveau statut en sein de la CIA, qui va démontrer toute son envergure tout au long de la saison. Véritable autre figure emblématique de la série, il tient bon la barre et rend la série encore un peu plus réfléchie.
Au fil de ces douze autres épisodes, conduits tambour battant comme toujours, on découvre encore davantage tout le jeu stratégique, mais aussi politique que peuvent mettre en œuvre les politiciens et les agents de la CIA afin d’atteindre leurs objectifs. Ce jeu reste au cœur de l’histoire tout au long des trois saisons, mais finira à son paroxysme au dernier épisode. Un véritable drame, qui permet encore une fois de terminer la série sur l’élément choc.
Au final, cette troisième saison tire la série encore un peu plus haut. Elle aurait très bien pu clôturer l’histoire, et on espère que cela ne sera pas gâché par une année de trop. En attendant de le savoir, une série à ne pas manquer pour ceux qui n’y ont pas encore goûté.
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