Il est toujours intéressant et instructif d’observer à l’avant-concert ce qui se passe autour et dans la salle. Cela permet de se faire une idée du public et a fortiori de l’ambiance qui nous attend. Dès le parking du Bikini, ce samedi 28 janvier, on s’aperçoit par exemple que la moyenne d’âge est très peu élevée (on prend un sacré coup de vieux). Un public jeune, donc, qui prend beaucoup de soin à se retourner la tête en éclusant les dernières canettes à l’entrée ou en faisant tourner les joints pour être dans le «meilleur» état, au concert de Justice. Ambiance festive, voire festivalière confirmée dans la salle où le taux éthylique atteint des sommets.
Pour faire patienter, c’est Busy P qui fait tourner les platines et chauffe l’ambiance. Vers la fin du set, il annonce un dernier quart d’heure de transition où il mixe Slayer, Metallica et Supertramp avec un «Goodbye stranger» où le Bikini s’illumine de la lueur de centaines de briquets. Ce son, qui mélange le metal et le rock FM des années 80, c’est celui du deuxième opus de Justice, «Audio, video, disco», ultra référencé en termes d’époque et de genres. Ce qui en fait un groupe qu’on ne peut réduire au seul carcan de la musique électronique.
Les intentions rock se confirment très rapidement, dès que Gaspard Augé et Xavier de Rosnay s’installent sur scène et déclenchent les hostilités avec un Genesis qui donne immédiatement le ton de la soirée. Il faut décrire le dispositif scénique pour se faire une idée du spectacle que constitue un concert de Justice : 18 amplis Marshall de chaque côté de la scène, qui encadrent une immense console au milieu de laquelle la fameuse croix qui symbolise le groupe s’illumine au gré d’un light show survitaminé, un énorme rideau de leds en fonds de scène, des tubes fluorescents qui surgissent de la console et un orgue lumineux qui apparaît dans un système escamotable… La mise en scène est ambitieuse et nous en met plein la vue.
Musicalement, le groupe déploie un son lourd et violent. Gaspard et Xavier déstructurent les lignes mélodiques de leurs morceaux pour les ré-assembler de façon cohérente et harmonique. Logiquement, ce sont les tubes qui suscitent le plus de réactions dans le public tels D.A.N.C.E et Audio, Vidéo,Disco. Après seulement une heure sur scène, c’est déjà le premier rappel avec un enchaînement On n’ on / Phantom pt. II qui conclut le set après 75 petites minutes de concert. Justice joue ici seulement son deuxième concert français après une date de Nouvel an en Australie et on ne peut pas s’empêcher de penser que le groupe est encore en phase de rodage dans la cohérence globale du set qui s’épuise ponctuellement. Nul doute qu’à force de tester les combinaisons les plus efficaces, le groupe sera prêt pour affronter les festivals d’été où il est programmé dans la majorité des grands rassemblements européens et outre-Atlantique.
Photo : Frédéric RACKAY (tous droits réservés)
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