Avec Split, M. Night Shyamalan signe ni plus ni moins le second volet de sa saga sur les super-héros plus de 15 ans après son chef d’œuvre Incassable.
Kevin (James McAvoy) est atteint de trouble dissociatif de l’identité.
Il a déjà révélé à sa psychiatre, la docteure Fletcher, vingt-trois personnalités différentes avec des attributs physiques et physiologiques spécifiques pour chacune.
Les personnalités de Kevin sont en proie à une inquiétude grandissante et s’organisent comme elles le peuvent pour empêcher la manifestation d’une nouvelle identité, monstrueuse, terrifiante, enfouie au plus profond de lui.
Pour célébrer l’arrivée programmée de ce monstre et préparer ses offrandes, une partie des identités de Kevin l’obligent à kidnapper trois jeunes filles adolescentes dont Casey (formidable Anya Taylor-Joy révélée dans The Witch), qu’il va séquestrer dans un antre de la folie.
M. Night Shyamalan est un revenant.
Avec The Visit et la série Wayward Pines, il signait un retour fracassant en 2015 après les échecs successifs de Phénomènes, Le dernier maître de l’air et After Earth.
Fort de 100 millions de dollars de recettes dans le monde avec The visit, le cinéaste a maintenu son mode de production et de réalisation : budget limité, production restreinte, part d’autofinancement, équipe réduite et liberté totale.
Malgré quelques faiblesses, Split est une réussite. On regrette certains Flash-back appuyés et un James McAvoy parfois dans la démonstration et le sur-jeu mais le film fait preuve d’une ambition folle dans une économie réduite.
Alors que la plupart des films de super-héros nous détaillent la genèse dès l’enfance de ces personnalités hors-norme (de Spiderman à Hulk en passant par Superman), Shyamalan nous montre la création d’un monstre, d’un anti-héros, d’un vilain éreinté par les mêmes névroses, les mêmes fatalités, les mêmes terreurs enfantines que les personnages de Marvel ou DC Comics.
Car il s’agit bien de cela : décrire les origines de la terreur, au fond pas si éloignées de celles qui définissent les pouvoirs surnaturels qui donnent de si grandes responsabilités.
La précision de la mise en scène de Shyamalan est remarquable. Chaque identité de Kevin est hyperbolique et irradie la composition des plans. Chaque personnalité a sa propre couleur et leur niveau de saturation évolue selon le degré de tension et de violence du film. Le parti pris du réalisateur est de produire une image très sombre, qui enferme cette fable horrifique dans des espaces réduits dont on ne peut s’extraire.
Dans son épilogue, qu’il est impossible de révéler tant il est vertigineux, le film prend une autre dimension et s’inscrit dans quelque chose de beaucoup plus grand, de beaucoup plus fort, de beaucoup plus ambitieux que lui-même.
On attend la suite avec une impatience exaltée. M. Night Shyamalan vient de frapper fort et juste.
Sortie en salles le 22 février 2017
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