C’est à pas feutrés et en chantant a capella qu’Eugénie Ursch alias Lunacello débute son concert. Elle passe alors à côté d’un public qui se demande d’où vient cette mélopée. Les notes sont murmurées, le souffle est posé et la douceur des sons vous invite à traverser avec l’interprète cette fenêtre qui trône à droite de la scène en direction de cet ailleurs musical dans lequel la salle semble déjà baigner après seulement quelques minutes de spectacle.
Il n’a pas fallu longtemps à cette jeune artiste toulousaine pour convaincre les spectateurs que ce Premier voyage – titre de son premier album – passé en sa compagnie ne vous laissera pas indemne.
Accompagnée de son violoncelle, Eugénie nous révèle des poèmes et des mélodies aux sonorités du Maghreb, de Bohême ou d’ici. Nous écoutons ses propositions musicales à la croisée des époques et des lieux avec attention et – même – sidération. Son instrument à cordes peut alors sortir de sa fonction musicale pour se métamorphoser en bateau qui grince ou en feu qui craque. La voix, ensuite, se dédouble grâce à une loop-station – le troisième instrument du spectacle – pour se transformer en une étonnante chorale. Nous sommes déjà loin du Bijou.
La force de cette artiste réside dans cette posture minimaliste et rare qui transforme le peu en beaucoup, qui invite en ne forçant jamais, qui cache pour mieux révéler.
Entre les chansons, les quelques déplacements de la musicienne autour de trois chaises posées sur la scène captivent un public subjugué par une certaine idée de la grâce (si, si, disons le !).
Après le spectacle, vous laissez forcément une part de vous, là-bas, dans cet endroit improbable où votre âme s’exprime en arabe et se met en danse autour de musiques traditionnelles russes et tsiganes.
Note: