Les plus grands projets de musique électronique ont toujours été de paire avec une identité visuelle forte, dans la construction d’un univers global narratif, cohérent et immédiatement reconnaissable.
On pense bien sûr à Gorillaz et à ses membres figurés en personnage de cartoons, à Daft Punk, qui s’est associé aux plus grands réalisateurs (Michel Gondry, Leiji Matsumoto) pour illustrer leur musique, et à Justice, qui a joué la carte du clip choc avec Stress de Romain Gavras, relecture anxiogène d’Orange Mécanique de Kubrick.
On pourra dorénavant ajouter The Blaze à cette liste (non exhaustive) de projets electro où l’image complète le son avec une puissance d’évocation telle que les deux en deviennent indissociables.
The Blaze, c’est Guillaume et Jonathan, deux cousins producteurs et réalisateurs français qu’on a découverts il y a quelques mois à la faveur de Virile, un clip hypnotique, poétique et sensuel.
L’argument est simple : deux amis (amants?) passent une soirée dans l’appartement d’une tour de cité à écouter de la musique, danser en fumant des joints. Pourtant, ces quelques minutes en huit-clos contiennent déjà tout un univers plus grand que ces quelques mètres carrés d’HLM, où il est question du rapport aux autres, aux corps, à la drogue et à la musique, d’abandon de soi, de sentiments partagés puissants comme l’amour ou l’amitié. Mais c’est surtout la mise en scène, avec ses ralentis et ses mouvements d’appareil qui hisse l’anecdotique au rang du sublime.
Avec Territory, le duo confirme ses ambitions cinématographiques avec un nouveau clip qu’il conviendrait davantage de qualifier de court-métrage tant il échappe à l’ordinaire des vidéos musicales. Cette fois, le cadre est plus grand, il s’agit du retour d’un fils d’immigré dans sa famille à Alger. Émotion brute des retrouvailles, course folle sur la plage, amitié sincère, séance de fumette dans un bar à narguilé, et toujours l’abandon dans la danse avec cette scène sur le toit d’un immeuble avec les lumières nocturnes de la ville en arrière plan. La vidéo se conclue par un retour au primitif avec une imita ion simiesque pleine de force et d’émotion.
La musique de The blaze est envoûtante, la voix est ralentie et nous parvient comme si elle s’étirait dans le temps, pour nous plonger dans un état proche d’une torpeur sous stupéfiant. Les paroles sont naïves, sans filtre, dans une recherche sans fard d’un sentiment authentique.
Avec ce Territory EP, le duo révèle un potentiel qu’il faudra confirmer sur la durée d’un album et sur scène. Bonne nouvelle, The Blaze a déjà annoncé plusieurs dates dans des festivals cet été et cet automne (Marsatac, Calvi on the Rock, Fnac Live, Pitchfork…) qui devraient faire la lumière sur sa véritable capacité à s’installer durablement. Next big thing ?
The Blaze – Territory EP
Note:
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