La Part des anges de Ken Loach, ou un film «normal»
Il ne s’agit pas d’un écot que l’on donne en offrande à une divinité quelconque et encore moins d’une taxe religieuse qui officierait encore dans certains pays… Non, la part des anges c’est le volume d’alcool qui disparaît dans un fut lors de sa maturation. Et comme cette histoire se passe en Ecosse, cet alcool se nomme whisky.
À Glasgow, l’heure n’est pas au thé mais à la cocaïne pour Robbie, jeune père de famille et petit délinquant qui semble reproduire jusque-là un schéma familial entre violence, prison et chômage. Mais sa rencontre avec un travailleur social passionné de whisky va changer sa vie…
Après avoir vu «In love with Rome» de Woody Allen, le contraste entre les deux cinémas vous saute à la figure. Loin des soucis existentiels d’une bourgeoisie américaine décadente et glamour, la proposition de Ken Loach renvoie aux spectateurs une réalité sociale aussi dérangeante qu’inique, une réalité que les spectateurs peuvent côtoyer au quotidien. Les héros ne sont ni très beaux, ni surhumains mais tout simplement «normaux»…
Et pourtant malgré tous ces ingrédients peu enclins à l’évasion et aux fantasmes, on sort de la séance le sourire aux lèvres comme on se réveillerait d’un rêve agréable. C’est là tout le miracle du cinéma de Ken Loach : nous faire croire en l’être humain dans un monde désenchanté.
Robbie devient alors ce héros ordinaire typiquement Loachien capable de dévier un destin marqué au fer rouge par ses origines sociales.
Afin de se rapprocher le plus possible du réel, le réalisateur anglais fait appel à des acteurs qui ne sont pas forcément des stars du 7ème art. Au contraire, ils semblent véritablement sortir de ces milieux mis en récit. Ken Loach est d’ailleurs reconnu pour pousser les limites du réalisme au plus loin : il filme autant que faire se peut les scènes dans l’ordre chronologique et il informerait les acteurs au dernier moment du contenu du script, de sorte que ces derniers soient les plus naturels possible.
Une dernière raison pour aller voir ce film : le whisky. Amateur ou pas, vous ne resterez certainement pas insensibles devant cet engouement imagé dont nos personnages font preuve devant le précieux élixir écossais.
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