Noir désert
David Lynch revient avec un second album, The Big Dream, deux ans après le très beau Crazy Clown Time.
Comme dans celui-ci, la principale caractéristique s’avère être l’opposition entre l’univers sonore obscur, parfois inquiétant et la voix « lead » toujours naïve, presque enfantine. Une atmosphère captivante qui rappelle sa filmographie, où l’on voyage au travers de personnages égarés dans un monde étrange et fantasmagorique.
Ce contraste est accentué par de légers décalages rythmiques, avec une prédilection pour le parler-chanter et l’utilisation fréquente mais toujours efficace de la réverbe.
David Lynch utilise sa voix comme un instrument à part entière, quelque part entre la voix off et la plainte. Pas d’égo-trip du chanteur, plutôt un voile d’effets contenant la voix à l’intérieur de ce brouillard que créent les différentes nappes sonores.
Mais pas de grande évolution ici, si ce n’est l’utilisation diverse des guitares, à la fois présentes dans ces nappes mais aussi étouffées, accompagnant et accentuant les rythmiques.
Il se risque avec succès à quelques harmonies émotives comme dans Last Call et We rolled Together, poignant. Mention spéciale pour celle-ci (la plus belle de sa récente discographie) et pour le titre éponyme.
Plus court de 15 minutes que son premier opus, The Big Dream gagne en densité et homogénéité, malgré l’impression d’un temps étiré dû à la lenteur de la plupart des morceaux.
A l’instar de son précédent album qu’il commençait par un très beau featuring avec Karen O, il conclut The Big Dream par un second – avec Lykke Li – d’un certain kitsch mais dont la nostalgie évidente maintient l’authenticité.
David Lynch semble éprouver le besoin de partager l’affiche, toujours accompagné d’un acteur.
On éprouvera cependant une certaine lassitude à l’écoute du trop grand nombre de ces morceaux travaillant la lenteur. La force de ces titres s’annule au fur et à mesure de leur abondance. On manque un peu d’étonnement, un ensemble trop prévisible.
Des ballades lentes aux synthétiseurs analogiques (The Big Dream), en passant par un blues plus dynamique (Star Dream Girl), jusqu’aux slow hallucinés (Cold Wind Blowin’, I’m Wainting Here), David Lynch réalise là un bel album, original et toujours franc mais surtout reconnaissable entre mille.
Note: