Il s’est écoulé quatre ans depuis leur deuxième album. Quatre ans. Il faudra bien se pencher un jour sur cet étrange syndrome qui pousse les groupes de Pop à prendre leur temps à ce point. Qu’il s’agisse des Klaxons, de Vampire Weekend ou de Mgmt, la durée moyenne de composition, d’enregistrement et de livraison d’un album équivaut maintenant à la durée d’un mandat de président des Etats-Unis. C’est en quelque sorte une dynamique de cancre. Certains parviennent à s’en accommoder et reviennent armés des chansons qu’il faut pour se rappeler à la mémoire de leur public ou de ce qu’il en reste. Vampire Weekend a réussi l’exploit d’achever sa trilogie en se faisant couronner par tout ce que le monde compte de journaux, prix et billets de banque. Mgmt s’est définitivement et volontairement condamné à l’oubli. Voilà donc Love Frequencies.
Les klaxons, soyons bien clairs, personne ne s’en souvient, personne ne les attendait. Devenus célèbres suite à un premier album brouillon et enragé, ils se sont ensuite pris le premier mur venu en sortant un deuxième album ayant comme défaut de demander dix écoutes pour parvenir à se souvenir d’un morceau. Puis ils ont disparu des radars avec leur tubes fluo, leur new rave et une infime partie de notre jeunesse. C’est donc avec beaucoup de surprise que nous apprenions la sortie de ce nouvel opus. Le temps de cliquer sur Wikipédia pour avoir des nouvelles et un aperçu des premières critiques, on sait déjà qu’il ne se vendra pas. À peine sorti, il est affublé d’un chapeau d’âne et gratifié de rires gras. La presse se gausse.
Un bon journaliste se doit d’avoir écouté au moins une chanson de l’album qu’il chronique, sinon le monde va à sa perte. Et puis nous avons tous en nous un vague souvenir de l’adolescent qui sentait son cerveau frire au son de Magick et Atlantis To Interzone. La larme à l’oeil, on insère l’objet dans la platine.
Passées les cinquante premières secondes de New Reality, un constat s’impose: ce n’est effectivement pas bien du tout, ce qu’on écoute là. Aïe, le chanteur a troqué sa voix faible, mais percutante contre un espèce de falsetto. Aïe, il imite James Blunt. Aïe, la production fait ressembler l’album à ces compilations de reprises dance qu’on peut parfois se procurer dans les bacs à disques chez Carrefour, quand l’été arrive. Courage, écoutons encore au moins un morceau.
Ah ! Il y a une mélodie, il semble. Et puis la voix revient. Jamais voix de chanteur n’avait autant vibré de la peur de ne pas vendre de disque et de devoir reprendre ses études. C’est un appel à l’aide. Un pauvre refrain composé de quatre notes chantées sans paroles, dans un pur style Klaxons. Et il s’avère que c’est le single. Ah… C’est décidément très mal parti. Et ça ne bougera plus beaucoup. Il n’y a pas de rythme, aucune folie, le cerveau ne frétille pas, il cherche à quitter la pièce. Ils continuent à ne parler que de voyages dans l’espace et à enchaîner les effets sonores censés permettre de s’y rendre.
Et toujours ce même défaut gênant : ne pas savoir composer une chanson décente. Il fut un temps où ils arrivaient à le dissimuler derrière la hype et le parfum enivrant de la nouveauté. Mais ce temps est révolu. Et leur choix d’une production plus claire et organisée ne fait que mettre en avant tous les défauts criants de leurs compositions, des voix, de leur évidente incapacité à jouer d’un instrument (il faut entendre les délires free qu’ils se permettent, en introduction de chaque chanson, qui font songer à ce qu’un enfant de quatre ans produirait sur garage band). Oui, les Klaxons ont fait leur temps. La nouvelle n’émouvra qu’une infime parti d’entre vous. Personne, sans doute ne pensera seulement à lire un article consacré à ce groupe. Ils auront été bons le temps d’un album, le temps d’une farce. Triste année qui nous a fait perdre Mgmt et The Klaxons. Merci pour tout. Merci pour atlantis, Golden Skans et Forgotten Works, écoutés juste après Love Frequencies.
On indique ordinairement le meilleur morceau. Mais certains albums nécessitent une autre méthodologie.
Pire morceau :Children Of The Sun.
Note: