On a naturellement tendance à se méfier des réalisateurs de clips qui passent à l’exercice du long métrage… Ce bel a priori d’avoir affaire à des œuvres de formalistes qui s’attachent exclusivement à l’image et au montage plutôt qu’au fonds, à l’histoire. Avec The incident, Alexandre Courtès (à qui l’on doit des vidéos pour The White Stripes, U2, Daft Punk, etc.) déjoue ce genre de pronostic sur le mode du huis clos et du survival. Il soumet sa mise en scène aux stricts impératifs du scénario, sans esbroufe visuelle, en évitant les pièges du torture porn et du gore excessif. Sa réalisation est nerveuse et inventive, utilisant au mieux le décor d’un asile, que ce soit dans les déplacements des personnages que dans la précision du cadre, l’utilisation des surfaces et la géométrie des plans. Cependant, la narration est problématique : la caractérisation des personnages est insuffisante, se fiant trop au look de rockers neo folk des protagonistes pour susciter la sympathie, l’exposition est trop longue et diffère sans cesse les scènes d’horreur attendues. Le film ne parvient donc que partiellement à installer la tension, ne sachant dans quelle direction aller et échouant à résoudre les fils du récit au profit d’un twist de circonstance. C’est d’autant plus dommage que les intentions sont bonnes et qu’Alexandre Courtès semble avoir bien digéré ses références (Peckinpah, Carpenter). Il faudra qu’il les mette au service d’autre chose que d’une commande pour vraiment convaincre.
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