28 jours plus tard et sa suite 28 semaines plus tard ne concourent pas tout à fait dans la catégorie du film de zombies même s’il faut avouer que les deux films ont donné un sérieux coup de vieux aux morts-vivants de Romero. On parlera en effet davantage d’ »infectés » concernant les films de Danny Boyle et Juan Carlos Fresnadillo, un virus testé sur des singes étant à l’origine d’une contamination où les victimes se transforment en dangereux prédateurs ultra-mobiles et voraces. C’est toute la différence avec les zombies de Romero, traînant de la patte et mugissant péniblement à la recherche de leurs proies, même si la décomposition des corps permet d’expliquer la lenteur du mouvement. Dans 28 semaines plus tard, cette caractéristique de mobilité et d’hyper agressivité des infectés valent d’entrée une scène d’anthologie où Robert Carlyle – déniché du cottage où il se cachait – est poursuivi par une horde de prédateurs sanguinaires, abandonnant derrière lui sa femme qu’il estime ne pas pouvoir secourir. L’acteur se pique d’un sprint dans la campagne anglaise avec à ses trousses une multitude de zombies surgissant de plus en plus nombreux du haut d’une colline, à la faveur d’un travelling latéral impressionnant. La caméra numérique portée capte le regard d’angoisse pure de Robert Carlyle et permet au spectateur d’être littéralement immergé dans l’action et de partager la frayeur du héros.
Des scènes aussi remarquables que cette séquence d’ouverture, 28 semaines plus tard en comporte au moins deux autres. La première est une scène où Robert Carlyle manifeste toute l’étendue de ses talents de comédien lorsqu’il explique à ses enfants qu’il a vu leur mère mourir devant ses yeux, alors qu’il l’a bel et bien abandonnée aux mains des zombies pour sauver sa propre peau. Ce type de scène intimiste est inhabituel dans ce genre de films et témoigne en l’occurrence du sujet qui traverse le métrage : la culpabilité qui ronge le personnage principal. Juan Carlos Fresnadillo prend son temps, dans le premier tiers du métrage, pour caractériser ses personnages, poser les enjeux personnels et pour cela, il a besoin d’une telle scène, forte émotionnellement, afin de faire ressentir au spectateur la souffrance psychologique du personnage. Nous n’en éprouverons que davantage d’empathie pour lui dans la seconde partie lorsqu’il sera lui-même infecté, à la faveur d’un baiser qui prend des allures de châtiment.
L’autre scène que l’on retiendra de 28 semaines plus tard est celle de panique collective lors de la propagation du virus dans la zone de quarantaine. Les militaires ont dans un premier temps l’ordre de ne tirer que sur les infectés, puis l’Etat Major, dépassé par les événements, ordonne d’abattre sans distinction civils et zombies. Outre que la séquence est excessivement impressionnante, elle fait tout à coup basculer le film dans une charge anti-militariste certes convenue (Le jour des morts-vivants se situait aussi à un tel niveau) mais diablement efficace. Pour les survivants, les ennemis ne sont plus uniquement les infectés, mais surtout les hommes en uniforme qui veulent procéder à un grand nettoyage pour éviter une contamination à grande échelle.
28 semaines plus tard ne se contente donc pas d’un cahier des charges classique de séquelle, mais prolonge intelligemment le film de Danny Boyle en le surpassant largement, aussi bien dans la violence barbare, le nihilisme désabusé que la noirceur absolue. Tandis que 28 jours plus tard s’achevait sur une note d’optimisme salvateur, 28 semaines plus tard propose au contraire une note finale catastrophiste qui pourrait laisser envisager une nouvelle suite, qui construirait alors peut-être un triptyque du même niveau que celui que Romero réalisa en son temps.
28 semaines après, disponible en dvd et blu-ray (20th Century Fox)
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