converge

Un concert de Converge sidère autant qu’il libère. Intensément cathartique en CD, la musique du quatuor de Boston l’est au centuple sur scène. Dès lors, se jeter dans la fosse sur Dark Horse, Transmasses ou Concubine revient à purifier son âme, purger ses doutes et frustrations. Les hectolitres de sueurs vidés, puis remplacés par des hématomes, sont les marques du combat presque mythique qui eut lieu dans la moiteur orageuse d’août au Trabendo.

Avant cette extatique heure et quelques minutes, le groupe et le programmateur Kongfuzi eurent la brillante idée de nous offrir un puissant et joyeux amuse-gueule : trois sets souvent physiques, parfois spirituels, des groupes de trash Revocation et Havok et des légendaires canadiens du Technical Death Metal Gorguts. Si les deux premiers shows eurent une saveur rétro, invoquant les passés glorieux de Metallica, Megadeath, Anthrax ou encore le groove sudiste de Pantera, celui de Gorguts fut aussi implacable et précis que leurs précieux albums. Rappelons que s’il est moins connu que les précurseurs du genre, Cannibal Corpse, Death, Carcass ou Obituary, Gorguts fut au milieu des années 90 l’instigateur d’une forme encore plus technique, sombre et atmosphérique du Death Metal. Il inspira nombre de groupes au cours de la décennie suivante, notamment Gojira, pendant laquelle il fut malheureusement absent, pour cause de hiatus. Revenu en force avec Colored Sands en 2013, il s’est violemment rappelé au dernier incrédule, lors de ce concert.

Pourtant il suffit de quelques minutes pour que Converge fasse démonstration de sa supériorité sur la scène Métal depuis déjà seize ans et l’inégalé Jane Doe. Près de trente ans de carrière, une maîtrise et un talent monstre se déchargent à la face des spectateurs abasourdis, mais vivants, dès les premières notes de Dark Horse et Aimless Arrow. Comme on pouvait s’en douter, le quatuor mit de côté sa période 90’s, loin d’être inintéressante mais tout simplement désuète par rapport à l’ampleur de ses opus sortis depuis 2001. Grand honneur fut laissé à sa précédente bombe, All The Love We Leave Behind, qui offrait le meilleur du style Converge, entre Punk Hardcore survitaminé, noise bruitiste et riff testostéroné de Kurt Ballou. Mais le groupe nous offrit quelques moments de survie, à travers des titres non pas légers, mais plus aérés, comme le magnifique morceau éponyme, All The Love We Leave Behind.

La question que tout le monde se posait : allait-il jouer des titres inédits de son prochain Lp attendu pour novembre ? Malheureusement non, seul déception de la soirée. Mais Under Duress et I Can Tell You About Pain, premiers single dévastateurs furent jaugés à un public visiblement déjà emballé, n’hésitant pas à chanter en chœur les paroles gueulées par Jacob Bannon. Prometteur pour The Dusk In Us, qu’on n’en pouvait plus d’attendre. Enfin, après quelques minutes de rappel en forme de répit, Converge acheva la foule avec son chef-d’œuvre absolu, la chanson fleuve Jane Doe et ses douze minutes folles de Hardcore énervé, funèbre et mélancolique. La cerise sur un sublime gâteau.

Note: ★★★★★

partager cet article