Synopsis : Gino, installé depuis trente ans à Bruxelles tient une pizzéria achetée avec les économies de son épouse, Simone. Sa vie est bouleversée par la nouvelle de la mort prochaine de son oncle d’Italie, un parrain de la mafia rendu milliardaire par ses activités illicites.
Dans une recette éprouvée, Samuel Benchetrit, nous propose une pizza jambon-fromage « Humour-Références cinéphiles ».
La base employée, un film contenant un film, reprenant un style quasiment documentaire épaulé par une équipe guignolesque d’un C’est arrivé près de chez vous, nous promet une mise en abyme audacieuse.
Démarrage sur les chapeaux de roue ! Une première scène mémorable où le chef du jour s’évertue à parodier les publicités de préséance des commerçants locaux. On est directement transporté dans un complexe douze salles en zone périurbaine : un vrai régal !
Après une mise en bouche succulente, vivement le menu !
«Une farce trop cuite…
Malgré un couple inédit – que forment Anna Mougladis travestie en actrice burlesque du muet et José Garcia dans son rôle de prédilection, celui de looser – qui fonctionne plutôt bien, la sauce insipide ne prend pas.
Pêcher mortel d’une comédie, l’écriture est tout simplement bâclée !
Le train effréné du montage du pseudo documentaire nous épuise face à un rythme comique des plus poussifs.
Comme de (trop) nombreuses galettes contemporaines, s’alignent des gags à la qualité très variable qui nous offrent de rares moments croustillants parsemant de longs déserts zygomatiques.
A l’instar d’un excellent Sergie Lopez, on se réveille parfois à rire à l’arrivée des personnages secondaires se remémorant l’intention initiale de nous distraire… mais silence, on tourne.
…accompagnée de sa passion sincère et stérile»
Qu’elles soient lourdement explicites ou qu’elles prennent la forme de radieuses scènes pastichant les classiques, les références s’enchainent sans répit.
De L’Avventura à L’éclipse en passant par Affreux, sales et méchants, avec un talent certain, Samuel Benchetrit s’amuse avec une légèreté affichée à jouer les Antonioni , Risi, ou autre… Scola.
Si l’exercice de style en mode clins d’œil est globalement réussi, on regrettera toutes les énumérations directes des coups de cœur du réalisateur (le Parrain, Festen, l’Ultime Razzia…) qui viennent tout autant nous confirmer la grande pauvreté des dialogues que nous signaler une énième sortie de route.
Ainsi, malgré l’analogie d’un réalisateur jouant son propre rôle à la Francois Truffaut, on s’écarte dès lors de l’heureuse voie tracée, il y a près de quatre décennies, par La Nuit américaine, qui fait du cinéma, un personnage principal autonome évitant l’écueil d’une auto-contemplation permanente.
Heureusement, en bon apprenti cuisinier, le dessert est également soigné et nous livre dans une tradition italienne parodiée ici, un séduisant tableau final alliant finesse esthétique et morale humaniste.
L’amour sincère du 7ème art pimente avec parcimonie une pizza surgelée digeste, mais toujours tiédasse.
Cette nouvelle tentative de concilier films d’auteurs et films populaires, loin d’atteindre J’ai toujours rêvé d’être un gangster, demeure, sauvée par une judicieuse distribution. Un divertissement tout juste correct qui se fera bien vite oublier.
Note: