Avec Le Teckel, film à sketchs à l’humour hautement abrasif, Todd Solondz décape la société américaine sans aucun état d’âme.
Le chien est le meilleur ami de l’homme.
Fidèle, affectueux, docile sont autant de qualificatifs utilisés pour décrire nos compagnons à poils.
Todd Solondz les prend au pied de la lettre pour livrer un portrait au vitriol de l’Amérique contemporaine.
Ici aucune complaisance ni compassion ne sera de mise envers les humains ou envers le toutou.
Ça déglingue à tout va dans un enchaînement de saynètes plus grinçantes les unes que les autres.
Le teckel est le trait d’union entre ces portraits qui abordent les thèmes de la maladie, de la vieillesse, du racisme, de l’obésité, du handicap. Tous ces sujets dont on parle à voix basse au pays de l’oncle Sam.
Le chien est censé apporter une dose de bonheur à ces familles d’accueil mais devient vite l’otage, le défouloir, l’objet de torture de personnages tous plus névrotiques les uns que les autres.
On y apprend qu’un chien prénommé Mohammed a violé sans retenue un élégant caniche de race bien blanche.
On y voit une vieille dame en phase terminale appeler son joyeux clébard « Cancer » pour bien s’y confronter toute la journée.
Le chien est le catalyseur de tous les vices et les psychoses qui gangrènent la société.
Dans une scène effarante, on le voit recouvrir le bitume d’une rue pavillonnaire d’un épais et long tapis fécal après avoir été gavé d’aliments indigestes par son jeune maître en rémission cancéreuse.
Ce meilleur ami de l’homme se fait euthanasier sans vergogne ou découper en morceau comme un hommage à Damien Hirst.
Le film est d’une très grande violence dans sa charge cynique. Ce qui nous est montré, c’est une Amérique à l’agonie. Il est porté par des acteurs qui apportent tous la nuance nécessaire à ce brûlot pour ne jamais l’embarquer vers la caricature.
Julie Delpy est excellente en bobo désabusée, tout comme Dany De Vito en prof de cinéma, Greta Gerwig en jeune femme paumée ou Ellen Burstyn en vielle dame diminuée.
Le film est une réussite et va chasser sur les terres d’un Woody Allen sous acide.
Note: