Le concert de l’année ! La dernière fois qu’on avait vu Daniel Lopatin sur scène, c’était dans l’espace tamisé du Trabendo avec une dégaine de métalleux échappé des 90’s et accompagné d’un guitariste du même acabit. C’était pour la tournée suivant la sortie du déjà culte Garden of Delete et son groupe fictif Kaoss Edge. En ce mois de Septembre, il revenait à Paris pour le compte du Red Bull Musi Festival (toujours dans les bons coups, souvenez-vous de la soirée Ambient feat. GAS, Tim Hecker et Midori Takada l’année dernière), afin de défendre sa dernière sortie, étrangement boudée par la presse, le brillant Age Of et son univers de pop/world music baroque et post apocalyptique.
Un live particulièrement attendu et unique car Oneohtrix Point Never y développe une scénographie singulière, une sorte de post-opéra – appelé Myriad – en quatre actes composés de titres issus de son dernier opus et quelques surprises. Sans oublier la présence d’autres musiciens à ses côtés : batterie, claviers et clavecins venaient s’ajouter à un Lopatin désormais véritable protagoniste car devenu chanteur pour Age Of. C’est d’ailleurs la première sensation de ce set qui se déroule dans une salle spécialement aménagée avec des gradins et une audience bien sage car complètement happée par un show lumineux et visuel. La prestance du génial compositeur électronique et son aisance au chant, certes limité, bien aidé par des effets parfois robotiques totalement en phase avec l’univers d’Age of.
The Station, Babylon, Black Snow, tous trois tubes chantés par Lopatin donnent une atmosphère particulière au set, comme s’ils s’étaient échappés d’un concert pop dans un stade futuriste désaffecté et rongés par une nature qui aurait pris ses droits après une catastrophe nucléaire. Les deux créatures Cronenbergiennes pendues à un filin au-dessus de la foule comme éléments de décors évoquaient le peuple de cette dimension ouverte soudainement l’espace d’un live d’1H30.
Si tout le concert fut proche de la perfection, on retiendra surtout le frisson des notes au clavecin de Age Of en ouverture de bal, la violence contenue de Warning (en feat. avec Prurient sur l’album), et l’immense We’ll Take It, définitivement le meilleur morceau de Age Of, et ses airs de tubes indus rappelant le Reptile de Nine Inch Nails. Quel plaisir aussi de bénéficier d’un délicieux au revoir (et rappel) sur deux magnifiques titres issus du répertoire de OPN et qui bénéficiait ici d’une toute autre puissant en live : Animals (Garden of Delete) et Chrome Country (R Plus Seven). Après ce show, difficile de renier la grandeur de Lopatin, à cheval entre l’avant-garde et la pop culture, qu’on imagine aisément devenir une des icônes de la musique moderne d’ici quelques années.
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