Énigmatique et protéiforme, originaire du Tennessee et exporté à Turin, Yves Tumor apparaît d’abord en tant que Silkbless, Bekelé Berhanu ou Sean Bowie pour synthétiser des samples de soul et de trap, fabriquer une noise jusqu’au-boutiste ou performer dans un show extravagant pour la marque Hood By AIR.
Il travaille la face la plus personnelle de son œuvre un premier album auto-produit, When Man Fails You, qu’il cache encore derrière une brute composition de boucles électroniques.
Puis avec Serpent, sorti chez P.A.N., où il reprend, avec douleur, ses premiers travaux de sampling soul pour raconter le fil d’une histoire chaotique où l’on peux sentir la précision apportée aux compositions, le foisonnement d’inspirations et les nombreuses trajectoires stylistiques.
Le début de l’aventure
Se plonger dans Safe In the Hands Of Love, troisième album édité chez Warp, est une vraie aventure musicale.
On en comprend tout de suite le danger avec deux premiers morceaux antinomiques, entre chaleur d’une invitation soul lo-fi et froideur de cette électronique expérimentale lourde et rêche.
S’ensuit un tournant résolument pop, par les influences breakbeat et trip hop ‘bristolienne’ des deux titres Licking an Orchid et Lifetime, point culminants de l’album et puissants hymnes à la repentance portés par la voix torturée d’Yves Tumor.
Et c’est un brutal retour sur terre qui nous attend avec cette noise analogique et saturée que l’artiste se plait à étirer sur la longueur, entrecoupée de quelques éclairs de lumière sans pourtant laisser le temps de respirer, jusqu’à la dernière seconde.
Vivement le live
L’ensemble est un message d’amour quasi christique dont on sort à la fois tourmenté et apaisé, fasciné par ce messager précis jusqu’à l’excès, avec une hâte d’en découdre sur un live que l’on espère rapidement arriver en France.