C’est peu dire qu’en France, le cinéma des Pays-Bas nous arrive au compte-goutte. Demandez à un cinéphile de nommer un réalisateur néerlandais, il citera Paul Verhoeven, dont la moitié de la carrière s’est faite aux Etats-Unis. Pour cela, des événements tels La Nuit du polar néerlandais, où La Peau de Bax fut présenté, méritent l’attention. Son réalisateur, Alex Van Wanderman, n’est pourtant pas un débutant puisque son premier film, Abel, remonte à 1986. Du reste, son Borgman est parvenu il y a deux ans jusqu’à nos salles.
Le plat qu’il nous sert ici, comme la vengeance, se consomme froid. A défaut de réchauffer les cœurs, La Peau de Bax fait rire.
La journée commençait pourtant bien pour Schneider, père de famille bien installé. Pas de projets sinon fêter son anniversaire avec sa femme et ses deux filles. Manque de chance, son employeur l’appelle pour lui confier une mission urgente. Or il se trouve que Schneider est tueur à gage, et que la tache consiste à éliminer Ramon Bax, un écrivain qui vit dans un bungalow au milieu des marais. Schneider se résigne à faire le boulot, espérant rentrer tôt pour dîner, mais une série d’embûches vont lui compliquer la vie.
De son côté, Bax, sexagénaire interprété par Van Wanderman lui-même, mène une vie dissolue entre les drogues, de jeunes amantes encombrantes et Francisca, sa fille à tendances dépressives.
Avançant par séries de coups de théâtre, le film est parsemé de personnages secondaires qui s’invitent comme autant d’obstacles impromptus sur la route de deux hommes, Schneider et Bax, qui ne demandent rien sinon qu’on leur fiche la paix. Une prostituée de passage, un grand-père incestueux, autant d’individus qui paieront le prix de s’être trouvé là au mauvais moment, tandis que les deux opposants cherchent à s’abattre l’un l’autre pour retrouver au plus vite leur sérénité. Car leur lutte à mort n’a pas d’autre sens. Le commanditaire de l’assassinat ne dévoilera pas ses raisons, il est d’ailleurs peu menaçant, en gaffeur qui multiplie les faux pas et menace de faire louper son propre coup. En résulte un sentiment d’absurde couplé au burlesque glacial de la mise en scène.
La vertu principale du film est de tirer une intrigue de film noir vers le quotidien, le dérisoire, le minable. L’intention de Wanderman est claire : dépouiller cet univers de toute aura. Tout se passe en plein jour, la photo lumineuse ne ménageant pas la moindre zone d’ombre, rendant tout mystère impossible. Cette dynamique de continuelle mise en avant du plus laid a tout de même ses limites. Mais par le biais de la fille dépressive, Francisca, qui va se révéler battante face au danger, le film parvient à se renouveler. Grâce à elle, Wanderman échappe de justesse au risque de lasser, la faisant bénéficier d’une générosité de regard dont il reste avare pour le reste des protagonistes.
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