Scratch Massive, l’accord parfait
Une relation musicale se doit d’accorder ensemble des univers créatifs hétérogènes vers une direction artistique commune, et embrasser les aspirations de son époque.
Un couple doit savoir résister aux affres du temps, aux erreurs de trajectoires, aux envies individuelles pour se construire et se renouveler chaque jour.
Le lien entre ces deux assertions pourrait être fait par Garden of Love, le dernier album de Scratch Massive, projet brillamment porté par Maud Geffray et Sébastien Chenut, traversant les époques d’opus en production, en reflétant voire anticipant, les mouvements successifs à l’intérieur de la scène électronique française.
On n’avait pas revu Scratch Massive en duo sur un album depuis Nuit de Rêve, sorti en 2011 et remarqué pour la qualité des artistes invités : Jimmy Sommerville, Chloé, Koudlam et Daniel Agust.
Ces 7 années ont pourtant été mises à profit pour continuer à collaborer sur des bandes originales, des projets pour la mode et l’art, un deuxième excellent album en solo de Maud Geffray Polaar et, enfin, la création de leur label bORDEL et son installation à Los Angeles.
C’est Los Angeles, où Sébastien Chenut réside et où le duo a choisi de travailler ses productions en duo, que la genèse de Garden of Love prend forme.
Et l’on est frappé dès le premier morceau, Last Dance, de l’évolution sur ces dernières années, de cette ligne de basse sombre associée à cette mélodie mélancolique et pourtant pleine d’espoir et de rêve portée par la voix spatiale de Maud Geffray, une voix qu’elle a pleinement travaillée sur Polaar.
On y voit ici la fin de l’état de grâce d’un couple en pleine possession de sa liberté de s’aimer et vers qui s’approchent les écueils de la vie et les ressentiments.
Cette dichotomie des sentiments se prolonge avec deux morceaux, Numéro 6 et Fantôme X qui se répondent l’un à l’autre, entre gravité des arrangements, rythme lancinant et mélodie synthétique proche de la cold wave.
La pièce principale de l’album est sans aucun doute Dancer in the Dark, sur laquelle on retrouve la voix de Maud Geffray en écho à cette basse sombre et « tripesque », en pleine solitude, attendant que ne survienne le grand chamboulement sur Chute Libre, cette techno synthétique, à la fois passéiste et actuelle, comme un rappel aux fondamentaux.
Les premiers questionnements sont là, symbolisés par deux morceaux aux angles artistiques dispersés ; agréablement pop et accompagné l’un de Leonie Pernet, en dialogue avec Maud Geffray sur Sunken ; entre trip-hop et broken beat sur Mono Arch.
L’album se conclut sur 3 morceaux de cold wave au ton spatial magnifiée par les voix sous écho, une longue traversée de pop rêveuse comme une ôde à la paix des âmes post-bouleversements.
L’histoire est finalement belle, elle n’attend qu’à être poursuivie.
Note: