Nous arrivons sur le site du Port de Ramonville pour la deuxième soirée du Week-End des Curiosités quand Big Flo et Oli entament un sample d’IAM : Dangerous. En rendant hommage au groupe d’Akhenaton, le jeune duo toulousain – déjà croisé lors du festival Détours de Chant cet hiver – situe cette affiche du vendredi sous le signe d’un hip hop trans-générationnel, où il occuperait le rôle de jeune pousse prometteuse, 1995 celui d’outsider en plein buzz. Un hip hop où C2C et IAM seraient les figures tutélaires du genre, respectés et considérés comme il se doit…
Le public ne s’y est pas trompé, le site est plein comme un œuf. On croise des parents qui accompagnent leurs progénitures. L’ambiance s’avère à la fois familiale et enfumée de vapeurs d’herbe. Plus une place n’est disponible à la billetterie.
Le ton est donné. 1995, Un-Neuf-Neuf-Cinq, comme ils se nomment peuvent s’emparer de la scène, manifestement impressionnés par une telle affluence et par les acclamations du public. Ce groupe de cinq MCs et un Beatmaker originaire de la région parisienne s’est formé il y a quatre ans et doit sa renommé au bouche à oreille. En 2011, ils remplissent le Bataclan à Paris, sans promotion, sur la seule foi de vidéos postées sur YouTube. Dès les premiers morceaux, une certaine idée du «rap à l’ancienne» se fait entendre, bon esprit, aux antipodes du gangsta rap «bling bling» et misogyne. Le crew semble ravi d’être là, «première grande scène en plein air», comme le fait remarquer Nekfeu. Plus tard, Fonky Flav’ offre une session de beatbox en arbitrant un battle entre Nekfeu et Alpha Wann. En guise de rappel DJ Lo lance un sample de Harry Bellafonte, Banana boat song, pour leur single 6 foot, 7 foot, qui enflamme le public. Le set s’achève et l’impression d’avoir assisté aux débuts d’un futur grand nom du Hip Hop s’installe.
On passe aux choses vraiment sérieuses avec C2C (à l’origine, Coups 2 Cross), la réunion de 20Syl et Greem de Hocus Pocus et d’Atom et Pfel de Beat Torrent. Nous avions déjà vu le groupe, quadruple champion du Monde du DMC (Disco mix club) en équipe, en 2007 au Festival Rock’n Solex ainsi qu’Hocus Pocus et Beat Torrent à Toulouse. Un petit monde déjà familier et c’est un immense plaisir que de les revoir. Sur scène, les quatre membres du collectif prennent position derrière des cubes animés d’images numériques, tantôt alignés face au public, tantôt face-à-face, à l’occasion d’un battle. Les membres du groupe impressionnent, aussi bien de par leur synchronisation, quand ils jouent ensemble – créant ainsi une forme de chorégraphie – que quand ils se succèdent tour-à-tour sur une même platine. On reconnaît la patte de 20cyl et Grimm, avec des morceaux jazzy. Ca swingue ! Moment émouvant pour l’hommage à MCA, membre des Beastie Boys décédé au début du mois de mai, dont le visage apparaît sur les cubes pendant que C2C reprend un titre du combo new-yorkais. Enfin, 1995 les rejoint sur scène pour un free style qui conclut le set.
Il est 23 H 45 quand IAM entre sur scène avec L’école du micro d’argent. Quinze ans après la sortie de l’album éponyme (Disque d’or en 2 jours seulement), l’émotion demeure intacte, LE groupe de rap français est là et s’apprête à nous livrer son show. Akhenaton et ses acolytes sont là pour faire plaisir au public. Ils jouent des morceaux de Saison 5 (Ca vient de la rue, Official dans une version reggae), ainsi que quelques titres d’un prochain album à sortir. Mais le set s’articule pour l’essentiel autour des titres de L’école du micro d’argent, sans oublier leur tube du début des années 90, Je danse le Mia . On se surprend à chanter sur Petit frère ou Un cri court dans la nuit. Quand arrive le rappel et que retentit La marche de l’empereur, la joie atteint son paroxysme. Akhenaton, Shurik’n, Kephren rentrent sur scène avec des sabres laser et attaquent L’empire du côté obscur. On se revoit quinze ans en arrière et avec nostalgie, on se dit qu’ils sont toujours aussi bons, malgré les années.
Pour le dernier titre, retentit le sample de Demain c’est loin. C2C, 1995, Big flo et Oli les rejoignent sur scène pour conclure la soirée avec un final tout en partage.
Note:
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Crédits photos : Nicolas MOUTON-BAREIL (tous droits réservés)