Tempête de boulettes géantes – premier du nom – avait été en son temps une excellente surprise, dont avait aimé l’aspect cartoonesque, le sens de l’absurde et la caractérisation des personnages. Flint Lockwood, le jeune inventeur fou, figure du nerd sociopathe et maladroit, Tim, son père, pêcheur de sardines dont le regard est toujours caché par une ligne de sourcils ombrageux, le flic bondissant dont les poils de torse gigotent quand il sent le danger, le singe stupide… Toute cette galerie servait un récit certes convenu, mais au rythme de comédie, soutenu et très coloré. Le film était visuellement inventif, bourré d’idées, de gags stupides et décalés. Un vrai régal pour les petits et les grands qui n’a bénéficié, en France, que d’une sortie technique, mais qui a connu un succès suffisant pour que Sony produise une suite, misant sans doute sur l’originalité de l’univers.
L’île des Miam-Nimaux commence très précisément là où se finissait le précédent, mais s’éloigne du côté insulaire dans toute sa première partie. Flint Lockwood est embauché dans la multinationale de Chester V où il doit faire ses preuves en tant qu’inventeur pour évoluer dans l’organigramme de la société Live Corp. Le grand patron est une sorte de clone de Steve Jobs, qui permet de moquer la fascination quasi sectaire pour le gourou et les méthodes marketing de la firme à la Pomme. Le jeune public ne pipera rien à la ressemblance ni au discours, attendant sans doute l’arrivée sur la fameuse île des miam-nimaux, où la nourriture géante a muté en organismes vivants.
Le film fait référence à Jurassic Park et King Kong à de nombreuses reprises ainsi qu’à l’univers de Jules Verne. Le bestiaire convoqué fait preuve d’une belle imagination – on croisera des « tacodiles », des « cheddaraignées » ou des « hippopatates » -, mais la mécanique comique s’épuise très vite, échouant là ou le premier film avait franchement convaincu. On doit ainsi subir une bande de cornichons farceurs qui évoquent lourdement les lapins crétins ou les Minions de Moi, moche et méchant. Toute inspiration semble avoir fui ce deuxième volet, qui repose plus sur son décor bariolé que sur le développement du récit et de ses personnages. Si l’on passe un assez agréable moment, aidé par un rythme proche de l’hystérie et de jolies trouvailles visuelles, on ne peut que regretter la morale prévisible et un manque flagrant d’enjeux qui situent cette séquelle très en-deçà de son modèle.
Note: