Le 30 mars 2014 fut une soirée exécrable et excellente à la fois. Exécrable puisque – 2° tour des municipales oblige – la gauche s’est fait botter le cul à Toulouse. Excellente, car un concert a su réveiller ce goût froid et délicieux de l’acier qui sommeille dans chaque amateur de Rock’n’roll.
L’introduction laisse d’ailleurs peu de doute quant au tour que prendra cette rencontre avec le public d’un Bikini offrant ce soir un guichet fermé aux fans imprudents. Au doux son d’une violoncelliste de synthèse, nos six acolytes se mettent tranquillement en place pour basculer progressivement dans l’électricité énervée et le tempo augmenté. Le ton est donné et il est prometteur.
Très rapidement le combo se déleste de Wanna Get Free, l’accroche commerciale et finalement peu représentative du dernier opus The White Pixel Ape qui tire plus vers le métal que vers l’électro. Après un court voyage dans le temps, avec Twisted Minda issu du 1er album, l’ambiance monte d’un cran grâce à la reprise d’un classique, Shiza Radio, du disque précédent. Une gentille mélopée électronique côtoie alors des riffs punk acérés. C’est dans le mariage de ces sons que tout oppose, que se forge la marque de fabrique de Shaka Ponk. Les puristes crient au scandale, la nouvelle génération adore.
La vidéo, seconde caractéristique artistique du groupe, est aussi omniprésente. Les caméras fixées au bout des micros de Frah et de Samaha attestent de l’importance de cet art. Un cameraman casqué filme d’ailleurs le concert en évoluant sur la scène au gré de son inspiration débridée. Il fait partie du show tant sa présence devient naturelle pour ce public, pour beaucoup issu de la génération Y, habitué à combiner image et son de manière spontanée et immédiate. La vidéo n’est pas juste un procédé illustratif chez Shaka Ponk, elle participe au spectacle et interagit en direct avec le groupe, tel un musicien à part entière. On peut voir alors M. Goz, la mascotte primate de la formation, lancer l’intro de Wotz Goin’ON au banjo ou se livrer un battle de batterie avec son homologue humain Ion.
Le concert avançant, il y a comme un élan d’Infectious Groove qui règne dans la salle : un métal festif qui s’amuse des codes du genre tout en leur rendant hommage. Religion, sexe et macabre habitent sans complexe les séquences, le fun en plus. En fin de set, la soirée bascule dans une espèce de messe noire sur 6xLove, un titre à la symbolique sans équivoque. Le refrain love, love,…Jesus raisonne alors comme une communion avec le public… Il faut dire qu’on était dimanche aussi.
Après quasiment deux heures de concert, nos six musiciens – ou sept si l’on compte Goz – quittent alors la scène du Bikini, la sensation du devoir accompli si l’on en croit l’ambiance qui règne dans la salle. Au-delà de la belle performance, le public remercie aussi l’attitude généreuse et humble d’un groupe qui se souvient encore de ses années dèche à Berlin.
Espérons maintenant que leur succès ne souffrira pas d’embourgeoisement plus convenu. Le concert de ce soir nous a rassuré sur ce point.
Note:
GALERIE PHOTO
Photos : Jean-Luc Le Guennan pour Versatile Mag (tous droits réservés)