Dans un territoire cinématographique dominé par les super-héros, où le moindre exploit physique est signifié par des effets spéciaux qui déréalisent systématiquement l’incarnation du corps, où le vieillissement est banni au profit d’un jeunisme marketing, la franchise Expendables a soufflé un vent de fraicheur bienvenu sur un genre moribond en se basant sur l’adage qui dit que c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures recettes. En réunissant un casting en voie de ringardisation ou tout simplement disparu des radars, Stallone a ainsi redonné vie au genre de l’actioner tel qu’on ne l’avait pas vu depuis les années 80, old school, bourrin et burné. Le programme : quelques anciennes gloires vieillissantes sur le retour, du muscle et des grosses pétoires, des scénarii prétextes à des démonstrations pyrotechniques, une bonne humeur communicative à base de punchlines et de franche camaraderie… Tout cela ne se prend pas très au sérieux et c’est beaucoup plus simple pour remplir le cahier des charges attendu.
Véritable bide au box-office américain (la faute à une fuite sur le net quelques semaines avant sa sortie), éreinté par la critique, The expendables 3 serait-il l’épisode de trop dans une franchise pourtant jusque -là parfaitement huilée et mérite-il à ce point ce désamour y compris chez les amateurs des deux premiers opus ? Franchement, à moins de faire preuve de mauvaise foi, il est impossible d’affirmer que Stallone renie ce qui a fait le succès de la franchise, il en reprend les ingrédients sans trahir ni l’esprit ni le contenu, malgré quelques écueils.
À commencer par une gestion quelque peu aléatoire du casting, où certains ont l’air de ne faire qu’une apparition de courtoisie (Schwarzy, Jet Li dont les personnages sont réduits à la portion congrue) ou dont la présence paraît pour le moins inappropriée, tel Harrison Ford, pas vraiment au mieux de sa forme. Caprices de stars ? Plannings incompatibles ? Problèmes d’égos ou de montants du chèque ? On ne sait pas, mais ce défilé semble parfois davantage justifier le name dropping de stars sur l’affiche plutôt que la cohérence du scénario. Quelques effets spéciaux foireux viennent aussi gâcher l’ambiance (essentiellement des explosions dont on a l’impression qu’elles ont été incrustées par des stagiaires), mais rien de très grave.
Plus problématique, cette tentation de rajeunir le casting qui contredit a priori l’intention initiale, Mais si on ne croit pas une seule seconde que Stallone puisse congédier son équipe de vieux briscards sur la foi d’une seule mission ratée, cette confrontation entre l’équipe de retraités et la jeune garde produit des choses intéressantes en termes de comédie, sur l’utilisation de la technologie en opposition à la manière forte notamment. Et puis, ce sont bien les seniors qui viennent à la rescousse des nouveaux, l’honneur est sauf et la philosophie respectée. Pour le reste, avouons que le film procure un plaisir nostalgique à peine coupable. Si la structure de film d’action est un peu bancale, avec deux grosses séquences en début et fin de métrage, il faut dire que le morceau de bravoure final – parfaitement cadencé et découpé – mérite à lui seul le détour. The expendables 3 ne cherche jamais à être plus malin qu’il ne l’est, il ne va pas psychologiser à outrance des enjeux qui n’ont pas besoin de l’être. Sachant cela, à quoi bon bouder son plaisir ?
Note:
Enregistrer