L’histoire d’une jeune fille plus ou moins dépressive à qui arrive une grossesse non désirée. Obvious Child accompagnera Donna dans sa décision d’avorter, en passant par une salle d’open mic, et par une librairie en faillite. L’un des principaux intérêts du film vient de son inscription dans une histoire contemporaine plutôt télévisuelle que cinématographique, en se faisant en quelque sorte l’enfant né de la rencontre entre Girls et Louie.
Au casting figurent un comédien humoriste célèbre, David Cross et un plus jeune, Gabe Liedman. Il vient donc de là, il n’y a pas de doute possible. Gabe Liedman est entre autres l’un des écrivains d’Inside Amy Schumer (série télé humoristique) et David Cross fait du stand-up depuis les années 1990. Seulement voilà, ce qui a commencé avec Seinfeld et qui se prolonge aujourd’hui avec Louie, nous montre que la comédie, c’est le monde, qu’il n’y a peut être pas la comédie et le monde, alors ici, un sujet épineux comme l’avortement devient autant source de fiction et de drame que de blagues et de punchlines.
L’analogie avec le monde des séries et de la télévision s’arrête quand il s’agit de parler de forme. Obvious Child n’a pas recours à une mise en scène et/ou à des artifices de récit qui seraient perçus comme télévisuels, mais laisse durer ses séquences de dialogues, atteignant parfois un vrai état de grâce, un vrai « maintenant » tangible, amené notamment par l’actrice principale, Jenny Slate, merveilleuse.
Situer une comédie dans le monde de la comédie est un grand standard du genre, de Seinfeld à Funny People, le rire d’un public représenté à l’écran s’est mélangé à celui bien réel de la salle de cinéma, les maux de ceux qui font rire et jubiler donnent à entendre les blagues d’une autre manière, autant comme des créations humoristiques que comme les témoignages et accompagnements de l’autre monde aperçu dans le film, celui présenté comme le vrai, qui s’opposerait à celui de la comédie. Si cette recette est relativement simpliste dans Obvious Child, l’écriture est suffisamment fine pour que cela fonctionne comme la réalité des personnages et non comme un mécanisme gratuit et opportuniste.
Obvious Child n’a pas la radicalité de Louie. Et le « mauvais goût » du sketch qui ouvre le film fait pâle figure, face à l’inventivité transgressive d’humoristes comme Sarah Silverman, Amy Schumer ou, encore et toujours, Louis CK. Seulement Obvious Child est un film de cinéma et il serait idiot de juger les performances comiques insérées dedans en fonction de leur seule capacité à faire rire et à tenir la comparaison face à des performances situées hors fiction cinématographique.
L’utilisation du one woman/man show reste classique. Donna s’en sert tantôt comme un exutoire, tantôt comme un partage de complicité avec son audience, en évoquant entre autres, des détails triviaux de son hygiène de vie. Tout en tons clair-obscur et en couleurs hivernales, le film séduit et attache, malgré sa courte durée et son minimalisme formel. La modestie fait partie de la réussite du projet et difficile de ne pas être touché par une petite comédie romantique se terminant sur un canapé, quand Autant en emporte le vent commence face à ses personnages apaisés.
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