Présenté cette année à la Quinzaine des réalisateurs, These Final hours est une petite production plutôt sympathique qui vient s’ajouter à la liste déjà très longue des films de fin du monde. Un sujet décidément en vogue dans le cinéma contemporain et qui s’est taillé une place bien au-delà du seul cinéma de genre, jusque chez des cinéastes tels Lars Von Trier.
Le projet d’Hilditch est plus modeste. Nous sommes à Perth. La Terre est en cours de destruction, pelant comme une orange sous la chaleur du soleil. C’est l’une des bonnes idées du film : tout le monde ne disparaît pas en même temps. Ainsi le continent américain est anéanti, puis l’Europe, l’Asie, et ainsi de suite.
James, le jeune héros, a quitté la fille qu’il aime et qui est enceinte de lui pour rejoindre sa copine officielle dans une fête qui doit être la fête ultime, une gigantesque orgie de sexe, de drogue et d’alcool, pour prendre une dernière fois du bon temps.
Vraie question en effet : que faire quand on sait qu’il ne nous reste que douze heures à vivre ? Véritable réservoir à récits, cette idée sert de base au film. S’éclater une dernière fois ? Se regrouper avec sa famille, ses amis ? Ou comme beaucoup le font dans le film, mettre fin à ses jours avant l’heure fatale ? D’autres, encore, se livrent à des crimes qui resteront impunis, sauvés du joug de la justice par l’apocalypse.
Pour James, qui n’aspirait qu’à se rendre à la fête, rien ne se passe comme prévu. Il se retrouve très vite encombré d’une petite fille qu’il sauve de la mort et qu’il va aider à retrouver sa famille. Non sans hésitations. Car à quoi bon faire le bien et aider autrui, si dans quelques heures il ne restera rien de l’humanité ? Pourquoi ne pas simplement abandonner l’enfant ici pour suivre son seul plaisir ?
Encadré par deux séquences dotées d’un réel souffle, tout le reste du film procède par freins, déceptions, empêchements qui jalonnent la route du héros. Le pitch pouvait laisser présager, avec cette promesse de fête pré-apocalypse, d’un hédonisme mélancolique, par exemple celui dont fait preuve Gregg Araki dans Kaboom, film vraiment sublime et fou. On en est vraiment très loin ici et le film s’encombre plutôt de préoccupations hautement morales, au risque d’une grande lourdeur. La fin du monde, c’est du sérieux, ou c’est du moins ce que pense Zak Hilditch, se détournant de tout le potentiel ludique de son sujet. Sa peinture de la fête en orgie barbare et violente fait même froid dans le dos.
Au terme de son périple, James aura accompli son devoir moral, se sera racheté aux yeux des autres et de lui-même et rejoint la fille qu’il n’aurait jamais dû quitter. De quoi partir la conscience tranquille quand l’heure fatale sonnera. Le film s’applique à exécuter un peu platement ce programme. Baigné dans une lumière jaune pas très heureuse, il vaut pourtant pour des belles idées disséminées ici et là. Par exemple, l’autoradio qui diffuse la voix d’un speaker pris d’élans poétiques, et se faisant narrateur de l’apocalypse. Ce détail apporte une vraie touche de lyrisme et englobe l’histoire modeste du protagoniste au sein du grand récit de la destinée de l’humanité. La dernière séquence, enfin, où les deux amants enlacés contemplent le tsunami de lave et de fumée qui va les avaler, constitue un grand moment de poésie.
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