Sea Fog est la première réalisation de Sung Bo Shim, auparavant scénariste pour Bong Joon-ho sur Mermories of Murder. Celui-ci est d’ailleurs ici producteur, mais il serait vain d’aller chercher à identifier ici la patte du cinéaste de Snowpiercer dans ce film qui possède sa personnalité propre. Sea Fog n’en possède pas l’exubérante flamboyance, il se livre plutôt telle une très efficace série B, tirée d’un authentique fait divers.
Afin de pouvoir racheter son bateau et d’éviter le licenciement à son équipage, le capitaine Kang, à court d’argent pour cause de mauvaise pêche, se décide à accepter une mission de transfert d’immigrés clandestins venus de Chine. L’intrigue débute à la manière d’un drame social et réaliste ancré dans l’actualité. Loin de se contenter de ce seul programme, elle bascule de manière abrupte dans un climat d’angoisse dès lors que la brume qui donne son titre au film tombe sur le navire du capitaine Kong. On évitera d’en révéler plus tant l’intérêt du film réside dans la découverte effarée de l’accumulation d’embûches qu’affronte l’équipage, jusqu’au basculement dans une horreur sans nom.
Non seulement il faut mettre au crédit de Sung Bo Shim un très bon sens du récit, fort bien mené, mais plus encore, il montre une générosité plastique bienvenue dès lors qu’il s’agit d’installer l’horreur. Le fort ancrage réaliste du début n’en laissait pas forcément présager. Dans la brume qui nimbe les protagonistes et vient comme saisir leur destin, l’envie est forte de voir une réminiscence du sublime The Fog de John Carpenter. L’avant-dernière séquence, quant-à elle, réserve une représentation dantesque de l’affrontement de l’homme avec l’élément maritime, montrant un protagoniste en plein conflit moral, réduit à commettre un crime abominable en espérant faire le bien.
Loin d’être parfait, Sea Fog aurait sûrement gagné à étoffer un peu l’intrigue amoureuse qu’il contient en son cœur, intéressante en elle-même, mais exploitée de manière trop sommaire. Quant-à son épilogue, il s’avère assez dispensable. Le film possède la démarche un peu bancale des œuvres dont on sent bien que leurs auteurs n’ont pas réservé à tous les aspects la même égalité de traitement. Si les ficelles scénaristiques se dévoilent le plus dans ces moments-là, le film avance suffisamment d’atout par ailleurs pour éveiller l’attention et donner envie de voir de nouveau Sung Bo Shim derrière la caméra.
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