Il faut en convenir : on ne peut tout écouter et tout retenir lorsqu’on sillonne les chemins de la musique contemporaine. Mais ne serait-ce pas la l’histoire de la vie elle même ? Au détour d’une première écoute, la passion éclate, on a l’impression d’avoir trouvé la pépite, on en parle à tout le monde, et puis la relation se fait moins intense au travers des nouveaux albums et du succès grandissant. Finalement ce qui devait arriver arrive, le temps finit par nous séparer, à l’avantage de nouvelles petites perles plus affriolantes.
C’est un peu ce qui s’est passé avec God Is An Astronaut. Nous avions, il y a bien longtemps maintenant, croisé la route de ces Irlandais, au sommet de leur art, particulièrement lors de la sortie de All Is Violent, All Is Bright, en 2005. On ne pouvait être qu’époustouflé par les titres qui lancent l’album et s’enchaînent d’ailleurs remarquablement. A tel point qu’il est bien difficile d’en arrêter l’écoute lorsque que la galette tourne sur la platine. Il faut dire que Mogwai avait ouvert la voie avec d’autres comparses comme Tortoise ou encore dans un autre, style Sigur Ros et God Is An Astronaut a su très rapidement prendre une belle part du gâteau.
En réalité, le groupe n’a jamais déçu. Sa notoriété a continuellement grandi, mais dans le milieu du post rock – zone assez peu audible du grand public -, il est souvent bien compliqué de rester en surface. God Is An Astronaut c’est tout de même treize ans de carrière maintenant, le tout avec une critique presse et public toujours très positive.
Mais depuis 2005, les compositions qui ont suivi n’ont certes pas démenti le talent des Irlandais, mais ne l’ont pas non plus transcendé, à tel point qu’on avait fini bien malencontreusement par presque les oublier. Jusqu’à ce qu’il se rappellent à nous !
Alors on peut saluer une nouvelle fois la programmation de la petite salle du Connexion qui bien souvent nous permet de belles découvertes et autres retrouvailles. Car ce soir là, le déplacement en valait vraiment la peine.
Mais tout d’abord, les régionaux Dona Confuse, qui jouent un peu dans la même veine, bien que plus orientés électro/kraut, s’avancent les premiers sur scène. Avec une mise en scène batterie en avant, le trio ne s’est pas trompé, car c’est bien cet instrument qui porte l’ensemble des compositions du groupe. Si l’on est d’abord intéressés par ces chansons tout en rondeur et en puissance, on finit tout de même par y voir un peu de redondance, au fur et à mesure. Le chanteur gagnerait également à plus de sobriété et pourrait même renforcer le style tout en sobriété. Pleins de bonnes idées, Dona Confuse peine pourtant à se renouveler et finit par perdre un peu de ses auditeurs venus tout de même en nombre. Mais encore une fois, la scène toulousaine reste active et pleine d’espoir.
God Is An Astronaut, qui se présente à Toulouse pour la première fois de leur carrière, n’est pas venu en touriste, non, puisque le groupe présente sur cette tournée son nouvel album Helios Erebus, à paraître le 21 juin 2015, et dont ils sont, d’après leurs propres mots, très fiers ! On a hâte de le découvrir, tant la prestation des Irlandais sur scène a été convaincante.
Même si ce nouvel opus, dont nous avons eu le privilège d’écouter certains morceaux en avant première, a donc largement été mis en avant, God Is An Astronaut s’est évidemment rappelé à notre bon souvenir en jouant très rapidement quelques-uns de leur plus grands titres. Le poil se dresse dès les premières notes de Fragile, l’un de leurs premiers morceaux de la soirée et, sans aucun doute, l’un de leurs plus gros succès. Les premiers instants de ce titre nous renvoient directement à Sigur Ros, pour finalement prendre son envol et marquer ainsi à jamais le style God Is An Astronaut. On retrouvera tout au long du concert des chansons de ce qui reste leur meilleur album à ce jour All Is Violent, All Is Bright, à travers notamment de l’excellente et vive Fire Flies And Empty Skies qui ne manquera pas de faire réagir un public de connaisseurs reprenant en cœur et à tue-tête la mélodie du refrain. Un moment à voir et à apprécier. Et puis, les Irlandais joueront aussi ce qu’ils décrivent, à juste titre, comme une de leur chansons favorites, Forever Lost qui reste une chanson connue même des non initiés tant elle a été utilisée par le cinéma, la télévision et autre.
On regrettera tout même de ne pas avoir eu la chance d’entendre ce soir-là, la chanson qui donne son nom à ce disque majeur qu’est All Is Violent, All Is Bright, et l’on s’en étonne encore tant elle est représentative de ce qu’est God is An Astronaut.
Mais on ne peut réduire la prestation du groupe à cet album, car le concert qui nous a été proposé a largement tenu ses promesses. En oscillant entre les chansons mélodiques déjà citées et des chansons plus enragées comme peuvent l’être par exemple Echoes issue de leur album éponyme de 2008 et qui n’est pas sans rappeler ce que peut faire Mogwai en termes de montée en puissance, les Irlandais trouvent le ton idéal et font passer les minutes à une vitesse folle.
Ce sont surtout les nouveaux titres qui restent les plus puissants. A certains moments, on se demande si God Is An Astronaut n’est pas en train de devenir un groupe de metal ! En écoutant les premières versions concert de Helios Erebus, dont notamment la chanson du même nom et Vetus Memoria, le tout renforcé par les cheveux longs des deux guitaristes, la question se pose. Le pogo qui s’est propagé tout au long du concert dans les premiers rangs, et dont certains se souviendront longtemps, ne viendra pas nous contredire.
Il est vrai que sur les dernières compositions des Irlandais, les sons y sont plus directs, plus durs, plus lourds. Même si les albums restent évidemment dans la veine post rock, sur scène, on a par moments des doutes et finalement c’est loin d’être dérangeant. On profite à plein de l’énergie des musiciens, et d’ailleurs Jamie Dean n’hésitera pas à venir jouer dans le public à plusieurs reprises.
Très communicatifs, God Is An Astronaut assurent. L’expérience aidant, on reconnaît aisément le professionnalisme et l’excellence du groupe. On passe à travers tout un tas d’émotion et le partage est réel. Toute la qualité mélodique et l’énergie montante est retranscrite à merveille et captive un public qui ne désemplit pas. Un instant unique qui sera clôturé avec goût, puisque sans rappel, mais en ayant tout même pris le temps sur scène de souffler les bougies des deux frères jumeaux Torsten et Niels Kinsella, respectivement guitariste et bassiste.
On en vient presque à regretter de s’être éloignés pendant quelques temps de ce digne représentant et faire-valoir de la musique post rock. Mais sans doute les retrouvailles n’auraient-elles pas été aussi belles. Même si l’on est plus attiré par les compositions des débuts, beaucoup plus enivrantes, on reste tout de même dans l’attente de ce nouvel album qui devrait être sans doute plus vigoureux. En tout cas, voilà un concert qui fera date et on espère bien remettre le couvert au plus vite !
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