Les Saisons, une autre histoire d’Europe
Après Le peuple migrateur et Océans, Jacques Perrin et Jacques Cluzaud nous proposent une immersion dans la nature européenne au travers de 20 000 ans d’histoire au cœur du monde sauvage.
On ne change pas une formule qui gagne et Les Saisons nous donne rendez-vous en territoire cinématographique connu.
Une voix off, celle de Jacques Perrin qui éclaire les enjeux du film, une musique abondante, composée par le fidèle Bruno Coulais, un comité d’experts reconnus pour la caution scientifique, un dispositif trans-média au travers de l’application Morphosis, des partenaires prestigieux allant de Rolex à la Fondation Prince Albert II de Monaco, pour le financement.
Jacques Perrin a toujours su monter des projets fous sur son nom, sa passion et son engagement intègre pour la plus grande de nos causes : la préservation de la planète, de sa biodiversité, du respect de ses espèces, de la compréhension de ses phénomènes de transformation – souvent imputables à l’Homme.
Ce qui fascine toujours autant dans les films de Jacques Perrin, c’est cette proximité incroyable avec le milieu animal.
Le cinéaste et son équipe ont su adopter parfaitement les techniques de l’imprégnation rendant l’œuvre extrêmement réaliste. L’enjeu pour l’imprégnateur est d’associer sa présence aux moments de plaisir de l’animal. À l’inverse du dressage, l’imprégnation instaure un climat de confiance quasi fusionnelle entre l’Homme et l’Animal, ce qui permet à l’équipe du film d’évoluer en toute liberté et de saisir des moments rares de vie, de partage, mais aussi de lutte et de combats.
Le film de ce point de vue est assez impressionnant dans ces moments les plus intimes ou les plus violents. On y croise loups, ours, lynx, renards, chevaux sauvages, mais aussi tout le bestiaire minuscule de la forêt, les yeux dans les yeux.
Là où le film rate sa cible, c’est dans ce qu’il raconte. Cette histoire d’Europe qui à la fonte des glaciers, n’a cessé de se transformer jusqu’à nos jours.
Les images sont belles, mais les enjeux narratifs sont inexistants. Finalement, nous n’apprenons pas grand-chose que ce que nous savons déjà. Depuis 20 000 ans, l’Europe s’est reconfigurée, d’abord par des fractures climatiques puis par l’action de l’homme : la colonisation des forêts, la chasse, la guerre et l’ère industrielle bouleversant radicalement notre écosystème.
Le film se veut à la fois alarmiste et rassurant, ce qui gomme le point de vue du cinéaste et le regard qu’il nous donne. Finalement, restons optimistes, car « Une nouvelle alliance Hommes – Animaux est toujours possible » résume la voix de Jacques Perrin, « La nature n’a pas abdiqué, il n’est pas trop tard, car elle résiste ». Une douceur qui tranche avec les enjeux politiques liés à l’évolution de la planète.
Jacques Perrin se risque à introduire dans son film des personnages : autochtones, chasseurs, soldats, paysans… Cette tentative s’avère ratée tant les figures représentées semblent sortir des manuels scolaires.
On l’aura compris, le film tient davantage au conte naturel et s’adresse donc prioritairement aux enfants. Il donne une première lecture sur l’évolution de notre environnement, ni plus ni moins. Et c’est déjà bien.
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